Une nouvelle étude concernant le risque de cancer du sein sous traitement hormonal substitutif est publiée aujourd'hui par le « JAMA ». Il ne s'agit pas de données récentes de l'étude WHI (Women's Health Initiative), dont « le Quotidien » s'est déjà fait l'écho à plusieurs reprises. Ce travail provient de médecins du Fred Hutchinson Cancer Research Center (Washington, Etats-Unis), qui ont évalué les survenues de cancer du sein chez des femmes de plus de 65 ans sous THS, selon qu'elles utilisaient le progestatif de façon continue ou discontinue, 10 jours par mois. En fait, les deux protocoles, l'un par rapport à l'autre, ne modifient en rien l'incidence de l'affection. En revanche, comme cela est connu (et d'ailleurs précisé sur les mentions légales des spécialités, en France), le risque est majoré par rapport aux femmes sans traitement.
Christopher Li et coll. ont enrôlé plus de 2 000 femmes de 65 à 79 ans. Parmi elles, la moitié avait un antécédent de cancer du sein, diagnostiqué entre 1997 et 1999 dans leur centre, l'autre moitié était indemne. Cette sélection, portant à la fois sur l'âge et sur un diagnostic récent, a permis de fournir à l'étude une forte prévalence de femmes traitées de longue date. Les auteurs ont pu les séparer en deux groupes de durée de traitement : de cinq à quinze ans, quinze ans et au-delà. La majorité d'entre elles, 70 %, prenaient le progestatif en continu, les 30 % restantes, de façon séquentielle.
Par rapport à des femmes sans traitement, les auteurs estiment le sur-risque global à 100 % (alors que l'étude WHI trouve un risque relatif de 1,26). Les auteurs constatent que le THS n'augmente que le risque de cancers hormonodépendants, ce qui, à leurs yeux, suggère la place clé de la progestérone dans leur apparition.
Stimulation des récepteurs
L'hormone pourrait agir en stimulant à la fois les récepteurs aux estrogènes et à la progestérone, et non pas les uns ou les autres.
Deux surprises sont venues de l'analyse du sous-groupe de femmes sous estrogénothérapie seule. Elles représentaient 39 % de participantes, et, premier étonnement, un tiers d'entre elles (31 %) suivaient leur traitement depuis plus de vingt-cinq ans. Ensuite, en l'absence de progestérone, l'incidence du cancer du sein n'est pas modifiée par rapport à des femmes sans traitement. Sur ce dernier point, les auteurs attendent une confirmation par l'étude WHI, dont les données du sous-groupe sous estrogènes seuls seront disponibles dans quelques années.
« JAMA », 25 juin 2003.
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