De notre envoyée spéciale
à Barcelone
Utilisés en association avec l'éthinylestradiol dans le cadre d'une contraception, les progestatifs majorent le risque thromboembolique. Cette majoration serait particulièrement marquée chez les femmes atteintes de thrombophilie familiale : on désigne sous ce terme soit des sujets qui présentent des facteurs de risque congénital de thromboembolie veineuse (modifications des taux d'antithrombine III, de protéine C, de protéine S, du facteur V de Leiden hétérozygote, du facteur II 20210A ou présence d'anticoagulants circulants), soit des femmes à antécédents personnels ou familiaux de thrombose veineuse profonde ou d'embolie pulmonaire à un jeune âge (avant 45 ans). « C'est pour cette raison, en dépit de l'absence de consensus, que la contraception orale associant de l'éthinylestradiol et des progestatifs est habituellement contre-indiquée chez les patientes à risque de thrombose veineuse profonde », rappelle le Dr Jacqueline Conard (Hôtel-Dieu, Paris). Mais on sait aussi que, chez ces patientes, la grossesse et l'avortement sont associés à une augmentation du risque de thrombose. En France, une contraception par progestatifs, prescrits de façon exclusive, est souvent proposée à ces femmes atteintes de thrombophilie familiale. Jusqu'à présent, les données cliniques disponibles avaient en effet conclu à l'absence d'effet délétère de ces molécules sur la coagulation, mais elles ne permettaient pas de conclure sur leur risque de thromboembolie.
Une étude cas-témoins
Afin de répondre à cette question, des hématologues et des gynécologues de l'Hôtel-Dieu ont mis en place une étude cas-témoins sur 204 femmes atteintes de thrombophilie familiale entre le 1er janvier 1992 et le 1er juin 1997 ; 102 femmes ont été placées sous contraception par progestatifs (exposées) et 102 femmes non traités (non exposées), appariées en fonction de leur âge, de leur date d'inclusion et de leurs antécédents personnels thromboemboliques. Les femmes exposées recevaient 10 mg d'acétate de chlormadinone (10 mg/j) pendant au moins dix-huit jours par cycle. Cette molécule diffère des autres progestatifs en termes de dose et de nombre de jours d'utilisation par cycle. Les femmes, âgées de 29,6 ans, en moyenne, ont été suivies pendant 31,4 mois.
« Les femmes incluses avaient, dans 70 % des cas, des antécédents personnels thromboemboliques, une thrombophilie acquise ou congénitale dans respectivement 43 % (femmes exposées) et 50 % (femmes non exposées) des cas, des antécédents familiaux de thromboembolie veineuse sévère sans anomalies connues de la coagulation dans respectivement 11 et 6 % des cas », indique le Dr Conard.
L'étude va être poursuivie
Au cours du suivi, 9 des femmes incluses ont été atteintes de pathologie thromboembolique : 3 dans le groupe des femmes exposées (3 formes de thrombose veineuse profonde), 7 dans le groupe des femmes non exposées (6 thromboses veineuses profondes et 1 thrombose superficielle).
Aucune grossesse non désirée n'est survenue.
Ce travail, en raison du faible nombre d'événements, ne permet de conclure ni à une majoration ni à une minoration du risque de thrombose veineuse profonde chez les femmes à risque traitées par contraception progestative exclusive. « Nous envisageons maintenant de poursuivre cette étude en incluant de nouvelles patientes et en allongeant le temps du suivi », conclut le Dr Conard.
« Le risque cardio-vasculaire de la femme au XXIe siècle », un symposium organisé par les Laboratoires Aventis à l'occasion du 6th Congress of the European Society of Gynaecology, Barcelone.
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