« La Mémoire du tueur », d'Erik Van Looy

Thriller pour temps d'Alzheimer

Publié le 27/04/2004

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C'EST UN TUEUR professionnel, l'un des meilleurs. Las du métier, sentant les premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer, il veut raccrocher. Ses commanditaires le convainquent d'effectuer une dernière mission à Anvers, sa ville natale. Pédophilie, chantage, guerre des polices, complicité des notables, trahisons... : la coupe des ingrédients du thriller est pleine. Le réalisateur, dont c'est le troisième long métrage, s'est inspiré d'un best-seller de Jeff Geeraerts, publié en 1985, qu'il a adapté à la société belge d'aujourd'hui, celle qui a été traumatisée par l'affaire Dutroux.
Le scénario astucieux - le tueur utilise la police pour suivre la piste de ceux qu'il va oublier - ne laisse pas de répit : il y a beaucoup d'affrontements et de rebondissements qu'on n'a pas toujours le temps d'assimiler. Van Looy filme à l'américaine, avec ce que cela implique de qualités et de défauts : des images fortes parfois tape-à-l'œil, du mouvement et un peu trop de bruit. Mais le plus intéressant sont les deux personnages principaux, aux motivations complexes, et la relation ambiguë qu'ils nouent : le tueur au visage cassé et tourmenté (Jan Decleir) et le flic au regard mélancolique (Koen De Bouw). En prime : un portrait d'une société pervertie et un humour désespéré bienvenu. Erik Van Looy a voulu réaliser « un thriller avec une âme ». C'est réussi.

> R. C.