Arts
La politique culturelle des Etats-Unis s'appuie sur un puissant pouvoir de l'argent qui sert à la promotion de ses nouveaux artistes. Depuis les années 1960, et l'indéniable force de conviction des tenants du pop-art américain, l'amateur, jusqu'alors peu informé de ce qui se passait outre-Atlantique, est saturé d'informations.
Il était aisé, pour les institutions, de faire valoir l'émergence d'une peinture typiquement américaine durant les années 1940-1950 où, autour de grandes figures historiques comme Pollock ou de Kooning, s'était instaurée une version déclamatoire et fort séduisante de ce qu'avaient expérimenté en France, dans les années 1930, des artistes comme Picasso, Max Ernst ou André Masson.
Remontant le cours de leur histoire, on a, par la suite, découvert la peinture du XIXe siècle, marquée par un provincialisme qui faisait son charme pour autant qu'elle permettait de pénétrer dans l'esprit d'une Amérique profonde.
Un Américain à Paris
Thomas Eakins illustre bien cette situation d'une peinture qui, pour sortir des limites étroites assignées par le mode de vie dont elle est une représentation, se doit d'aller à la rencontre des grands laboratoires de l'art. A l'époque, à la fin du XIXe siècle, ce ne pouvait qu'être Paris où le jeune natif de Philadelphie vient faire un séjour de quatre ans pour fréquenter les ateliers de l'Ecole des Beaux-Arts, celui du peintre J-L. Gérôme, un « pompier » au sommet de sa gloire, ou encore Bonnat, qui l'ouvre à la peinture européenne.
Nanti de cette culture du vieux continent, Eakens revient dans son pays et, à son tour, y enseigne, avec des procédés novateurs comme l'étude d'après le modèle vivant et même des cours d'anatomie. D'où la justesse de ses propres variations sur le corps, en particulier dans l'exercice des sports nautiques qu'il prise particulièrement.
Nouvelle encore l'idée d'introduire la photographie dans l'espace d'une démarche plastique. L'audace alors d'introduire un nu non mythologique dans la peinture est plus grande encore quand la photographie fixe un moment de totale réalité. Si sa facture reste académique, l'esprit de sa peinture s'aventure dans des zones plus complexes, voire ambiguës, d'une réalité sexualisée. Il donnait là la mesure d'une peinture qui voulait sortir de ses fadeurs.
Thomas Eakins. Musée d'Orsay. Jusqu'au 12 mai. Tous les jours, sauf le lundi, de 10 h à 18 h et le jeudi jusqu'à 21 h 45, le dimanche de 9 h à 18 h. Entrée : 7 euros.
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