Utiliser l'un des virus les plus redoutables pour l'espèce humaine, le VIH, comme vecteur de traitements par thérapie génique. Le projet existe, notamment mené par une équipe française. Il s'agit cette fois de chercheurs australiens (Adélaïde), qui annoncent dans la revue « Human Gene Therapy », avoir réussi à modifier le matériel génétique d'un VIH1, de sorte que les protéines essentielles à sa reproduction et à l'infection de cellules ne s'expriment plus. Perdant sa virulence, le VIH1 pourrait être utilisé pour le transport d'un gène au cours d'une thérapie génique.
Pour mieux comprendre l'intérêt de l'utilisation d'un tel agent infectieux en thérapeutique, il faut se souvenir que les virus savent remarquablement bien transférer leur matériel génétique à l'intérieur de cellules. D'où l'idée, apparemment logique, de les utiliser comme vecteurs pour introduire un gène à visée thérapeutique au cur d'une cellule.
Parmi les virus, le VIH est particulièrement adapté à cette tache. Tout d'abord, le matériel génétique qu'il transfère s'intègre de façon permanente à la cellule hôte. Ensuite, le VIH fait partie du faible nombre de virus capables de transférer le matériel génétique dans des cellules se multipliant peu ou pas. Il se trouve que ces dernières représentent la cible des gènes à visée thérapeutique (cellules souches sanguines, neurones, myocytes, hépatocytes). Resterait, pour pouvoir utiliser le VIH, à en éliminer le potentiel infectant, ce que viennent de publier Don Anson et coll.
En avril 2000, l'équipe de Pierre Charneau (Institut Pasteur), annonçait déjà dans « Cell » (« le Quotidien », du 9 mai 2000) une nouvelle technologie de transfert de gène, dérivée du VIH, car exploitant la propriété des lentivirus de pénétrer à l'intérieur du noyau cellulaire. Cette technique, annonçaient les chercheurs français, lorsqu'elle sera applicable à l'homme, ne présentera aucun risque de transmission du SIDA. En effet, le vecteur de transfert de gènes, dérivé du VIH1, mis au point par l'équipe est délété de la totalité des gènes du virus, à l'exception des séquences importantes pour l'intégration et le transport dans le noyau cible. Cette étape ultime est d'ailleurs essentielle à un transfert de gène efficace : la particule vecteur reconnaît la cellule cible, puis l'ADN vecteur, dépourvu de gènes viraux, après avoir traversé la membrane nucléaire, s'intègre au génome cellulaire.
« Human Gene Therapy », 20 novembre 2001.
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