L'équipe française d'Alain Fischer et de Marina Cavazzana-Calvo (Necker, INSERM U429), qui ont réussi l'essai de thérapie génique du déficit immunitaire combiné sévère lié à l'X (SCID-X), fait état de l'apparition d'un effet indésirable grave survenu chez un deuxième enfant.
On se souvient de l'essai commencé en 1999 et mené avec succès chez 4 enfants jusqu'en octobre dernier, date à laquelle l'équipe constate, chez l'un des enfants, une prolifération monoclonale de cellules T.
Les enfants souffrant du SCID-X congénital - qui consiste en un défaut portant sur une chaîne gamma-c impliquée dans la formation de récepteurs aux cytokines nécessaires au développement des cellules T et NK -, avaient reçu une thérapie génique à l'aide d'un rétrovirus transfecté par le gène codant la chaîne gamma-c. Un succès thérapeutique a été prouvé dans quatre cas sur cinq, avec disparition des signes cliniques (infections pulmonaires, lésions cutanées) et surtout possibilité d'extraire les enfants de leur isolement stérile. Ces enfants avaient repris une vie normale. Malheureusement, l'équipe a dû décider d'interrompre l'essai (en accord avec l'AFSSAPS) lorsque la prolifération monoclonale de cellules T est survenue chez un enfant, entraînant des signes cliniques. Les chercheurs ont invoqué un effet de « mutagenèse insertionnelle » (dérégulation d'un gène cellulaire par la thérapie génique) et ont souligné que l'effet secondaire n'est pas identique à une leucémie.
Depuis, aucun autre patient n'a été inclus dans cet essai et ceux déjà présents dans l'essai font l'objet d'une surveillance clinique et biologique renforcée.
Chimiothérapie avec réponse satisfaisante
Les caractéristiques de la prolifération monoclonale de lymphocytes T constatée chez le deuxième enfant sont proches de celles observées chez le premier. Dans les deux cas, une chimiothérapie a été entreprise. Avec, disent les auteurs, « une réponse thérapeutique satisfaisante ». Cet accident survient au moment où l'équipe détaille dans le « New England Journal of Medicine » du 16 janvier le phénomène de mutagenèse insertionnelle trouvé dans le premier cas.
En corollaire de l'ensemble de cette histoire, les autorités de santé américaines ont pris la décision d'interrompre « tous les essais de thérapie génique utilisant des vecteurs rétroviraux pour introduire des gènes dans les cellules souches du sang », ce qui concerne une trentaine d'essais aux Etats-Unis. Les Américains indiquent n'avoir relevé aucun cas de prolifération monoclonale T chez les patients inclus dans ces essais.
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