Vous avez collaboré à la rédaction du livre « le Sein » paru aux Editions ESKA en mars dernier. Dans cet ouvrage, vous développez trois applications possibles de la thérapie génique des cancers du sein. Quelles sont-elles ?
En effet, les approches de la thérapie génique du cancer peuvent être envisagées selon trois grands axes. Le premier consiste en une approche prophylactique. Il s'agirait de prévenir la survenue de tumeurs héréditaires en traitant les sujets porteurs d'une anomalie génétique identifiée. Cette approche est purement prospective. Très peu de chercheurs en parlent. Cependant, un article allant dans ce sens vient d'être récemment publié. Les deux autres applications sont thérapeutiques. Elles correspondent au traitement soit d'une tumeur solide, soit de micrométastases en postchirurgical. Différentes méthodes peuvent être envisagées. L'approche cytotoxique, par implantation au site tumoral de cellules sécrétant des gènes médicamenteux ou l'introduction de gènes dans les cellules tumorales en modifiant le métabolisme, en est une. Une approche indirecte par manipulation de cellules souches hématopoïétiques ou par marquage génétique en est une autre, simplement destinée à faciliter les conditions de mise en uvre des traitements à proprement parler, utilisant des moyens conventionnels. Enfin, l'immunostimulation, « vaccination génétique » en quelque sorte, l'immunothérapie, par amplification de la réponse cellulaire tumorale, ou l'implantation d'organoïdes, micro-organes artificiels composés de cellules productrices de protéines génétiquement manipulées et connectées à la circulation, représentent autant de voies à développer. Ces deux orientations font référence à la capacité de généralisation de la maladie, qui impose une stratégie de traitement systémique.
Existe-t-il déjà des applications pratiques de la thérapie génique dans les cancers du sein ?
Non. Actuellement, le traitement du cancer du sein demeure conventionnel, alliant chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie. Cependant, le dernier médicament mis sur le marché, un anticorps anti-EGFr, contribue à améliorer le ciblage de la tumeur. C'est dans cette voie de ciblage des vecteurs de thérapie génique contre les cellules cancéreuses qu'il faut persévérer ; ainsi, nous avons mis au point au laboratoire un vecteur préférentiellement actif dans les cellules carcinomateuses. On peut ainsi imaginer combattre l'oncogène, élément de pronostic négatif, à proximité du site tumoral, ou, à ce même site, prévenir les capacités d'invasion et/ou de prolifération des cellules cancéreuses et, par conséquent, une généralisation ultérieure de la maladie.
A quelle échéance ?
Il est impossible de se prononcer. Les ressources intellectuelles existent, car les défauts génétiques affectant les cellules tumorales sont de mieux en mieux élucidés. Il faut aussi espérer que la chance guide le choix d'un gène ou d'un vecteur particulièrement actif, parmi une infinité de combinaisons possibles.
* Coordinatrice de l'ouvrage « la Thérapie génique » paru aux Editions Lavoisier.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature