Eponymes
Fils d'un statisticien médical et de la fille d'un colonel de l'armée de Bavière, Theodore Escherich naît en 1857 à Ansbach, en Moyenne-Franconie. Il commence ses études médicales en 1876 à Strasbourg et les poursuit successivement dans les université de Kiel, Berlin et Würzbourg pour, finalement, obtenir son diplôme à Munich en 1881.
L'épidémie de choléra à Naples en 1884
L'année suivante, il devient le premier assistant de Karl Gerhardt dans la clinique médicale du Julius Hospital à Würzburg. C'est Gerhardt qui éveille chez le jeune médecin un intérêt pour la pédiatrie et peut-être aussi pour la bactériologie, lorsqu'il l'envoie comme assistant scientifique à Naples durant l'épidémie de choléra en 1884. Afin de se perfectionner dans le domaine de la pédiatrie, Escherich se rend à Paris, puis à Vienne, où il travaille sous la direction de Hermann Widerhofer à l'hôpital pour enfants Sainte Anne. En 1885, de retour à Munich, il obtient un poste d'assistant clinique à la polyclinique pour enfants du Reisingerianum et à hôpital pour enfants Hauner, puis, en 1886, un poste de maître de conférence à l'université.
Très rapidement, Escherich est convaincu que la bactériologie peut résoudre de nombreux problèmes en pédiatrie. Son poste à Munich lui donne la possibilité de tester cette approche : la proximité de Wilhelm Frobenius, un élève de Robert Koch, lui donne l'occasion d'apprendre les techniques de culture, de purification et de caractérisation de bactéries.
Bacterium coli
C'est d'ailleurs à cette époque qu'il isole Bacterium coli, un colibacille présent dans l'intestin des hommes et des animaux qu'on rebaptise, en 1919, Escherichia coli en l'honneur du pédiatre. En 1886, après des recherches intensives en laboratoire, Escherich publie une monographie sur les liens entre les bactéries intestinales et la physiologie de la digestion chez le nourrisson. Cet ouvrage, « Die Darmbakterien des Säuglings und ihre Beziehungen zur Physiologie der Verdauung », lui vaut d'être reconnu comme le meilleur bactériologiste du champ de la pédiatrie. Escherich devient le directeur de la clinique pédiatrique de Graz en Autriche. En 1902, à la mort de Hermann Widerhofer, il hérite de la chaire de son ancien professeur à l'hôpital Sainte-Anne de Vienne. En 1903, déterminé à réduire la mortalité infantile dans la capitale autrichienne, Escherich lance un appel à la population qui a tellement de retentissement qu'un an après est créé, avec le soutien de l'empereur Franz Joseph, le « Verein Säuglingsschutz » (Association protection des nourrissons). Theodore Escherich meurt à Vienne en 1911.
Un saut dans le présent
Bien que la majorité des souches d' Escherichia coli soit inoffensive, certaines variétés de cette bactérie sont redoutables. C'est en particulier le cas de la tristement célèbre souche entéro-hémorragique O157:H7 qui contamina plus de 9 000 personnes au Japon durant l'été 1996 et provoqua le décès d'une douzaine d'enfants. La même souche est à l'origine de l'épidémie qui tua 19 personnes quelques mois plus tard en Ecosse.
E. coli 0157:H7 peut provoquer des diarrhées bénignes ou sanglantes et, chez les enfants et les personnes âgées, conduire à un syndrome urémique hémolytique qui provoque des lésions ou des insuffisances rénales parfois mortelles.
La bactérie se transmet essentiellement par la consommation d'aliments contaminés (viande crue ou mal cuite, lait cru...), mais aussi par contact avec des personnes ou des animaux contaminés, ou encore par l'intermédiaire d'engrais d'origine animale.
Les règles d'hygiène de base constituent la meilleure prévention contre ce type d'infections bactériennes.
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