G RACE à cette nouvelle ligne TGV Sud-Est, la France peut enfin jeter à la face du monde non seulement l'image d'une modernité maîtrisée mais aussi celle d'une unité nationale que seule la Coupe du monde de football avait réussi à donner en 1998. Les Marseillais se préparent à découvrir, avec bienveillance, les charmes de la capitale et les Parisiens s'imaginent déjà goûter aux plaisirs méditerranéens en manches courtes, voire en maillot de bain. Toutefois, certains riverains de la ligne TGV sont loin de partager cette humeur lyrique, même si les raisons de leur protestation s'amenuisent.
Accusée, il y a dix ans, de défigurer la Provence, la nouvelle ligne du TGV Méditerranée fait figure aujourd'hui de chantier modèle en matière d'environnement grâce aux investissements consentis dans ce domaine par la SNCF, souvent sous la pression des associations écologistes et des élus locaux.
« Jamais le souci d'environnement n'aura été intégré avec autant d'importance dans la conception et la réalisation d'un chantier », affirme Gilles Cartier, directeur régional de la SNCF qui a suivi le dossier. « La facture des aménagements écologiques représente 15 à 20 % des 25 milliards de francs » qu'a coûté la ligne.
Même le vice-président de la Coordination associative régionale de défense de l'environnement, Marc Guérin, reconnaît que « le TGV Méditerranée est certainement au top de ce que l'on peut faire aujourd'hui en matière d'environnement ». Après les manifestations et les actions en justice intentées par les riverains ou les écologistes, le tracé de la ligne ne coïncide finalement qu'avec 20 % du projet initial. Par exemple, il a été détourné de 50 mètres pour ne pas déranger un couple d'aigles protégés et 200 hectares de zone naturelle ont été aménagés, notamment en Camargue, pour compenser la destruction d'écosystèmes par le chantier. Certains ouvrages ont été adaptés pour préserver des sites historiques ou ne pas perturber l'écoulement des eaux an cas de crues du Rhône ou de la Durance.
Mariette Cuvellier, présidente de l'association Coordination TGV, a cependant trouvé un nouveau cheval de bataille pour s'élever contre la mise en marche de la ligne Méditerranée : le bruit. Certains riverains témoignent déjà de leur grande gêne devant les allers-retours bruyants des TGV, à l'occasion des trajets d'essai. Mariette Cuvellier propose même d'instaurer des cellules médico-psychologiques, comme celle dont avaient bénéficié les habitants inondés de la Somme. « Il est vrai que le passage du TGV peut constituer un traumatisme, reconnaît-on à la direction générale de la SNCF. Mais instaurer une comparaison avec les victimes d'attentat, comme le fait Mme Cuvellier, est un peu excessif. »
Car dans le domaine du bruit, la SNCF a fait preuve de bonne volonté. Bernard Alary, responsable du service environnement de l'entreprise ferroviaire. « En termes de nuisances sonores, les matériels ont été nettement améliorés grâce au programme de recherche et d'application instituée par la SNCF, explique-t-il. Les matériels anciens ont subi une refonte complète de la chaîne mécanique. Aujourd'hui, un train produit moins d'émissions sonores. Afin de connaître la propagation exacte du bruit, nous avons établi, pour la première fois, des cotes de calcul qui intègrent même les conditions météorologiques. » Pour les sites les plus exposés, des protections phoniques (écrans de béton ou colline de terre) ont été bâties le long de la voie ferrée : 90 kilomètres de protection phonique s'ajoutent aux souterrains et aux travaux de déblais déjà effectués. Une campagne de mesure de bruit a précédé la mise en service du TGV Méditerranée. « Le premier objectif de la SNCF a été de descendre les niveaux sonores, confirme Bernard Alary. Conformément à la réglementation européenne, les nuisances sonores du TGV Méditerranée ne dépassent pas 62 décibels. C'est trois décibels de moins que sur les lignes précédentes. Et trois décibels, cela correspond à un doublement de trafic », précise-t-il.
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