C'est donc une affaire entendue depuis lundi 8 septembre : environ 70 groupes de médicaments ne seront plus remboursés qu'à la hauteur du prix de leurs génériques correspondants. Soixante-dix groupes qui correspondent à 450 médicaments, sur un total d'un peu plus de 5 000. Une mesure envisagée par Jean-François Mattei depuis plus d'un an, prévue par la loi de financement de la Sécurité sociale 2003, confirmée par le ministre de la Santé en juin dernier, et avec laquelle il espère réaliser environ 100 millions d'euros d'économies en année pleine. Le « Journal officiel » du 27 août dernier, qui donne la liste des spécialités concernées, comme le Lexomil, le Renitec, le Corsaval et le Spasfon, précise également que la mesure n'entrera définitivement en vigueur que le 12 octobre prochain, les pharmaciens disposant d'une période transitoire pour mettre en place le TFR, afin d'écouler leurs stocks.
Pour le patient, le choix sera simple : lorsque son médecin lui prescrira un médicament à 10 euros, et s'il refuse que son pharmacien lui délivre le générique correspondant au prix d'environ 7,5 euros, il ne sera remboursé que sur la base des 7,5 euros et devra payer les 2,5 euros de différence de sa poche.
Mais pour le pharmacien, la disposition est autrement plus contraignante : « Depuis que les pharmaciens ont obtenu le droit de substitution, explique Bernard Capdeville, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), ils bénéficiaient d'un bonus en étant autorisés à vendre les génériques avec la même marge que s'il s'était agi d'un princeps, cela pour les encourager à effectuer ce travail de substitution. » Mais avec le TFR, tout change : « Aujourd'hui, maintenant qu'ils ont fait leur travail, les pharmaciens sont pénalisés par la mise en place du TFR, étant donné qu'ils ne pourront pas conserver leurs marges antérieures. »
Amertume
En effet, toujours selon Bernard Capdeville, un mouvement d'alignement des prix des princeps sur ceux des génériques commence à voir le jour : « Le 2 septembre, 16 spécialités de référence (princeps) avaient décidé d'aligner leur prix sur celui du générique correspondant, le 8 septembre il y en avait 30, et je vous parie que d'ici à quinze jours, ils se seront tous alignés. Pour le pharmacien, c'est le retour à la case départ. »
Pour Bernard Capdeville, qui parle du TFR avec une amertume compréhensible, « les laboratoires de princeps vont maintenant inonder les médecins de courrier en leur expliquant que, à partir du moment où ils ont aligné leurs prix sur ceux des génériques, il n'y a plus aucune raison pour que ceux-ci les prescrivent. Si on continue comme ça, on va tuer dans l'uf le marché des génériques, et ce, au moment où des molécules "canon" vont arriver sur le marché du médicament généricable ». Quant à savoir quelle stratégie les pharmaciens d'officine pourraient adopter, Bernard Capdeville n'est pas très optimiste : « Il n'y a pas de réaction possible. La seule chose que nous puissions faire, c'est d'accélérer la substitution dans les groupes génériques hors TFR, pour éviter qu'ils ne passent au TFR. » En annonçant au mois de juin la mise en place des TFR pour les groupes génériques dont la pénétration se situait entre 10 et 45 %, Jean-François Mattei avait en effet clairement laissé entendre que si les économies ainsi réalisées ne lui paraissaient pas suffisantes, il se réservait la possibilité d'étendre la mesure à d'autres groupes génériques. « C'est navrant, surtout après tout le travail que nous avons effectué, conclut Bernard Capdeville , on est en train de couper le blé en herbe. »
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