E N 1998, l'InVS a reçu 17 fiches de déclaration de tétanos généralisé* et trois cas survenus cette même année lui ayant été rapportés l'année suivante, cela porte à 20 le nombre des déclarations pour ce millésime, soit une incidence de 0,34 par million d'habitants.
En 1999, le nombre total de cas rapporté s'élève à 17, en légère diminution, avec une incidence de 0,29. Ce déclin de l'incidence du tétanos, à en juger par le nombre des déclarations obligatoires (DO), semble régulier : 0,88 en 1993, 0,69 en 1994, 0,46 en 1995, 0,67 en 1996 et 0,49 en 1997. Les auteurs de l'étude publiée par le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire »** se montrent cependant circonspects sur la réalité de cette courbe, eu égard à l'exhaustivité relative de la déclaration, « certains médecins l'ayant omise » en raison du « mouvement de protestation » observé à cette époque par les médecins inspecteurs de santé publique des DDASS.
Malgré cette diminution très probable de l'incidence, les cas et les décès persistent, note l'étude. Sur les 37 cas, 10 issues fatales sont intervenues, 6 en 1998 et 4 en 1999. Cela représente une létalité respectivement de 30 % et 23,5 %. En outre, en 1998, 4 cas (20 %) ont présenté des séquelles (difficultés à la marche, complications de décubitus) et 1 seul cas en 1999 (6 %).
Antécédents vaccinaux
Quant aux 22 autres patients, ils ont évolué vers une guérison sans séquelle.
Dans tous les cas, l'hospitalisation a été nécessaire dans des services de réanimation, sauf pour un malade, qui a été admis en médecine polyvalente.
Des hospitalisations comprises entre 1 et 90 jours (durée médiane de 42 jours).
Les antécédents vaccinaux de ces patients sont connus pour la moitié de ceux qui ont été déclarés en 1998 ; un seul d'entre eux avait reçu une vaccination complète (au moins deux injections et un rappel). Mais le dernier rappel remontait à plus de quinze ans. Pour 1999, le statut vaccinal de deux cas sur trois est connu : deux personnes parmi elles avaient bien fait l'objet d'une vaccination complète, mais leur dernier rappel remontait respectivement à 12 et 25 ans.
Ces données confirment par conséquent que les cas ne surviennent que chez les personnes mal ou non vaccinées.
En ce qui concerne la porte d'entrée, c'est généralement une blessure souillée par de la terre ou des débris végétaux (67 % des cas en 1998 et 60 % en 1999). Mais la part représentée par les plaies chroniques n'est pas négligeable (40 % des cas documentés pour les deux années).
L'incubation a été calculée dans 26 cas, avec une durée moyenne de 8 jours (extrêmes de 1 et 32 jours), 80 % des patients ayant présenté des symptômes dans les 15 jours suivant l'inoculation.
Les autres caractéristiques épidémiologiques ont valeur de confirmation de notions bien connues : l'incidence est très supérieure chez les femmes, avec 0,47 et 0,53 cas par million chez les femmes en 1998 et 1999 et 0,21 et 0,04 chez les hommes pour les mêmes années. Un écart qu'explique la revaccination effectuée jusque récemment dans le cadre du service militaire.
La distribution par âge est également très marquée, avec 84 % du total des cas âgés de 70 ans et plus.
Enfin, la saisonnalité est nette, avec un pic estival de 43 % des cas déclarés pendant les mois d'été, tant il est vrai que les travaux de jardinage et les piqûres végétales sont souvent à l'origine des blessures contaminantes.
« Les modalités de prophylaxie sont différentes selon la gravité de la plaie et le statut vaccinal du patient », conclut l'étude, qui envoie au « Guide des vaccinations » édité par la direction générale de la Santé et le Comité technique des vaccinations, ainsi que le Vidal.
* La maladie se présente sous trois formes : la généralisée, la plus fréquente et la plus grave avec 80 % des cas, la forme localisée (région anatomique proche de la plaie) et la céphalique, avec atteinte des nerfs crâniens.
** « BEH » n° 17/2001 di 24 avril 2001, « Le tétanos en France en 1998 et 1999 », par Denise Antona, département des maladies infectieuses, Institut de veille sanitaire.
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