LE TEMPS DE LA MEDECINE
La création d'un nouveau parfum obéit à une procédure très précise : sélection des composants et des actifs, formulation, puis tests cliniques in vitro et in vivo.
« Lorsqu'un parfum est finalisé, les différents partenaires impliqués s'assurent de la conformité de la formule avec les réglementations en vigueur, du respect des règles édictées par la profession ou, éventuellement, des règles plus sévères des sociétés responsables de la mise sur le marché », explique Pierre Perrier, directeur des affaires scientifiques et réglementaires de LVMH Parfums et Cosmétiques. Des données toxicologiques sur plus de 1 300 ingrédients utilisés dans les parfums ont été rassemblées par le RIFM (Research Institute for Fragance Material) et mises à la disposition des toxicologues qui peuvent, à partir de l'analyse de ces données, évaluer la sécurité d'emploi d'un parfum.
Volontaires sains
« Une fois la formulation définitive établie par le "nez", les nouveaux parfums sont testés sur des volontaires sains en accord avec les règles éthiques régissant les tests chez l'homme (déclaration de Helsinki) et en accord avec les règlesde bonne pratique clinique », analyse le Dr Jean-Jacques Voisard, dermatologue responsable de l'unité Aster Cosmétologie, société spécialisée dans les tests de tolérance et d'efficacité des parfums et cosmétiques.
L'une des premières évaluations concerne l'absence de phototoxicité. Cette réaction indésirable était particulièrement fréquente à l'époque où les parfums contenaient de la bergamote. L'abandon de ce constituant a permis de diminuer nettement l'incidence des photosensibilisations cutanées. Ce caractère peut être apprécié soit in vitro sur des cultures cellulaires de peau, soit in vivo par l'analyse du caractère photo-irritatif d'un produit après une application unique suivie d'une exposition aux UVA+B.
Le deuxième temps de l'évaluation de nouveaux parfums est la mise en place de tests de tolérance. L'une des méthodes les plus employées est celle dite des patchs tests simples (PTS) qui consistent en une application unique (J1) dans le dos pendant quarante-huit heures d'un parfum sous occlusion, suivie d'une lecture à J3, J4 et J5, à la recherche d'éventuels signes d'irritation, aboutissant au calcul d'un score moyen d'irritation locale. « D'autres tests plus complexes peuvent aussi compléter ce bilan initial. Il s'agit d'applications répétées (HRIPT Human Repeted Insulted Patch Test) d'un parfum formulé sur un panel de deux cents volontaires correspondant à tous types de peau », poursuit Pierre Perrier. Enfin, on procède à des tests d'usage qui se déroulent dans les conditions d'utilisation courante du parfum. Ces tests durent en moyenne trois à quatre semaines et incluent entre trente et quarante personnes examinées en début et en fin de période d'utilisation.
Le dermatologue mène l'enquête
Depuis quelques années, certains parfumeurs ont mis en place des services de cosmétovigilance. « Lorsqu'un effet indésirable - généralement de type allergique - est porté à notre connaissance, une enquête menée par un dermatologue est proposée au consommateur afin de préciser les allergènes en cause », explique Pierre Perrier. Certains composants à faible potentiel allergénique peuvent être à l'origine de réactions allergiques s'ils entrent dans la composition d'un nombre croissant de produits. Une attention particulière est portée aussi bien par l'industrie que par les autorités européennes à l'émergence de nouveaux allergènes qui font alors l'objet de recommandations ou de réglementations destinées à contrôler leur concentration et leur utilisation.
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