1) Un problème de santé publique
1.1) Environ 170 millions de personnes (3 % de la population mondiale) sont porteuses du virus de l'hépatite C (VHC).
1.2) La prévalence de l'hépatite C varie selon les régions de 0,1 à 5 %, voire plus de 10 % dans certaines zones d'Asie ou d'Afrique.
1.3) En France, la prévalence est de l'ordre de 1 et 80 % des sujets ayant une sérologie positive sont virémiques (soit environ de 400 000 à 500 000 personnes).
1.4) En Europe, il existe (comme pour l'hépatite B) un gradient de prévalence Nord-Sud :
1.4.1) la prévalence est de l'ordre de 0,5 % dans les pays du Nord ;
1.4.2) elle est de l'ordre de 2 % dans les pays du pourtour méditerranéen.
1.5) La prévalence varie beaucoup selon les populations testées :
1.5.1) 60 % chez les usagers de drogue,
1.5.2) 25 % chez les sujets infectés par le VIH,
1.5.3) 25 % chez les personnes incarcérées.
1.6) Dans les pays développés, le VHC est responsable de :
1.6.1) 70 % des hépatites chroniques,
1.6.2) 60 % des carcinomes hépato-cellulaires (CHC),
1.6.3) 40 % des cirrhoses décompensées,
1.6.4) 30 % des transplantations hépatiques.
2) Modes de transmission
2.1) L'incidence de l'infection par le VHC a diminué en Occident car :
2.1.1) la transmission par les produits sanguins a pratiquement disparu ;
2.1.2) les précautions universelles ont nettement diminué le risque de transmission nosocomiale.
2.2) En France, on estime actuellement que :
2.2.1) l'incidence annuelle est d'environ 5 000 cas,
2.2.2) en majorité liée à l'usage de drogue par voie IV ou nasale.
2.2.3) Le risque de transmission par la transfusion n'est plus que de 1 pour 600 000 dons.
2.3) Quels sont les autres modes de transmission ?
2.3.1) Transmission professionnelle. Elle est d'environ 3 % après un accident d'exposition au sang par piqûre accidentelle, mais peut atteindre 10 % si la virémie est très importante.
2.3.2) Transmission sexuelle.
2.3.2.1) Au sein de couples stables et en l'absence de coïnfection VIH, le risque de transmission sexuelle est très faible. En revanche, il semble plus élevé en cas de partenaires multiples.
2.3.3) Transmission mère-enfant. Elle est dans l'ensemble inférieure à 5 %, mais peut atteindre 20 % en cas de coïnfection VIH (dans ce cas, la virémie C est généralement plus élevée).
2.3.4) Transmission intrafamiliale. Elle est très rare. On recommande de ne pas partager des objets de toilette pouvant comporter du sang, tels que les brosses à dentS et les rasoirs.
2.3.5) Certaines autres pratiques à risque, si le matériel utilisé n'est pas correctement stérilisé : scarification, circoncision, piercing, tatouages...
2.4) En résumé :
2.4.1) La transmission du VHC est essentiellement parentérale et se fait par contact du sang d'un sujet infecté avec celui de la personne exposée.
2.4.2) Trois modes principaux de contamination se sont succédé :
2.4.2.1) les soins avec des aiguilles et des seringues réutilisables ;
2.4.2.2) la transfusion (jusqu'au début des années 1990) ;
2.4.2.3) la toxicomanie par voie IV.
3) Potentiellement grave
3.1) En France, en 2004, 3 500 décès étaient liés au VHC.
3.2) Plusieurs cofacteurs de gravité ont été mis en évidence, en particulier l'alcool et la coïnfection avec le VIH. Ainsi :
3.2.1) l'âge moyen du décès est de 70 ans chez les patients infectés par le VHC ;
3.2.2) l'âge moyen du décès est de 60 ans chez les patients infectés par le VHC et ayant une consommation exagérée d'alcool ;
3.2.3) l'âge moyen du décès est de 40 ans chez les sujets coïnfectés VHC-VIH
3.3) Le nombre de transplantations hépatiques pour hépatite C a été multiplié par 5 entre 1990 et 2000.
Réponse
L'assertion 2.2.3) est fausse. En effet, à la suite de l'introduction des tests sérologiques de 3e génération et, en 2001, du dépistage systématique du génome du VHC pour toutes les unités transfusées, le risque résiduel est d'environ 1 pour 6 000 000 dons.
Pour en savoir plus:
– P. Marcellin, « Gastroenterol Clin Biol » 2007 ; 31 : 4S3-4S6.
– C. Eugène, L. Costentin, S. Beaulieu. « Les Hépatites virales ». 2e édition. Masson, 2004.
– C. Trépo, P. Merle, F. Zoulim. « Hépatites virales B et C », John Libbey Eurotext, 2006.
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