CHEZ LES MOINS de 2 ans, il est possible de limiter l’incidence des otites moyennes aiguës à la fois à pneumocoques et à Hæmophilus influenzæ, en utilisant un seul et unique vaccin contenant une protéine D dérivée de H.influenzæ et des polysaccharides capsulaires de onze sérotypes distincts de pneumocoques, injecté à 3, 4, 5 et 12-15 mois.
Chez les tout-petits, les médecins utilisent un vaccin antipneumococcique heptavalent contenant des saccharides associés à une toxine diphtérique. On sait, depuis des années, que les vaccins ne contenant que des polysaccharides pneumococciques ne permettent pas d’induire une immunité satisfaisante chez les moins de 2 ans.
Les infectiologues tchèques de l’équipe du Dr Roman Prymula (Hradec Kralove) ont testé l’efficacité d’un nouveau vaccin qui pourrait permettre d’élargir le spectre d’action de sept à onze sérotypes de pneumocoques (46 % des germes impliqués en République tchèque) et y ajouter H.influenzæ, qui est à l’origine de 17 % des otites moyennes aiguës dans la population testée.
Au total, 4 968 enfants ont été inclus dans l’étude entre 2000 et 2002. Ils ont reçu soit le vaccin testé (quatre injections), soit un vaccin anti-hépatite A selon le même calendrier vaccinal (groupe témoin). Les parents avaient pour consigne d’amener leur enfant consulter s’il présentait de la fièvre associée à une otalgie ou à un tableau septique important. Les médecins devaient pratiquer une paracentèse accompagnée d’un examen bactériologique si le tympan se révélait anormal à l’examen.
Une baisse de 33 % de l’incidence.
Entre l’âge de 5 mois et demi et celui de 24-27 mois, les auteurs ont recensé 333 épisodes d’otite moyenne aiguë dans le groupe vaccin protéine D contre 499 dans le groupe témoin, soit une baisse de 33 % de l’incidence de cette infection. Le vaccin s’est révélé efficace contre l’ensemble des sérotypes de pneumocoques (baisse de 52,6 % pour le premier épisode infectieux et de 57,6 % pour tous les épisodes), contre les sérotypes contenus dans le vaccin (baisse de 65,5 %) ainsi que sur H.influenzæ non typable (baisse de 35,5 %).
«L’incidence des otites moyennes aiguës liées à d’autres bactéries ou aux sérotypes de pneumocoques non contenus dans le vaccin était similaire dans les deux groupes durant tout le suivi. Nous avons aussi analysé le recours à la pose d’aérateurs transtympaniques en rapport avec une pathologie récidivante: dans le groupe vaccin protéineD, elle était abaissée de 60,3% et les infections récidivantes étaient en moyenne deux fois moins fréquentes », déclare le Dr Prymula.
Le vaccin a été globalement bien toléré. A 31 jours, l’incidence des effets indésirables s’est révélée similaire dans les deux groupes (de l’ordre de 20 %).
« The Lancet », vol. 367, 4 mars 2006, 740-748.
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