« Land of Plenty », de Wim Wenders

Terre trop promise

Publié le 28/09/2004

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PAUVRETÉ, paranoïa, patriotisme : ces trois mots résument ce qui préoccupe Wim Wenders, Européen qui travaille aux Etats-Unis, dans l'Amérique de l'après 11 septembre. Il se défend d'avoir voulu faire un film militant, mais le regard est aussi critique qu'apitoyé.
Bouleversé, comme beaucoup d'autres, par les attentats du 11 septembre 2001, Wim Wenders a tourné en moins d'un mois, caméra numérique à l'épaule, un film qui « parle du bouleversement affectif, de la souffrance et de la paranoïa qui se sont emparés du pays » dans lequel il vit et travaille depuis plusieurs années .
La paranoïa est incarnée par Paul (John Diehl), un ancien du Vietnam, qui arpente les rues de Los Angeles dans une camionnette équipée de micros et de caméras et qui voit des terroristes partout. La souffrance, c'est celle des sans-abri que découvre la jeune Lana, la nièce de Paul, de retour aux Etats-Unis après avoir vécu en Afrique et au Moyen-Orient avec son père missionnaire. Paul et Lana n'ont pas du tout le même regard sur cette Amérique blessée mais vont finir par se rapprocher à la faveur d'un drame.
Comme souvent, Wim Wenders prend son temps, s'intéresse davantage à cerner ses personnages qu'à faire avancer un récit. Il filme les rues sombres de la Cité des anges puis les routes sans fin du désert comme un éternel voyageur, pour qui le trajet importe plus que la destination finale. Alors on sent le temps passer, jusqu'à ce que l'émotion, à laquelle contribue beaucoup la jeune actrice Michelle Williams (connue pour son rôle dans la série télévisée « Dawson »), finisse par prendre le dessus.
« J'aime toujours autant l'Amérique, dit Wim Wenders en se défendant d'avoir fait un film anti-américain. J'aime ce que ce pays a symbolisé et ce qu'il symbolise toujours. » Son Amérique, c'est aussi celle de beaucoup d'Européens, un rêve que le malheur et les erreurs politiques ne doit pas gâcher.