L'OREGON est le seul État américain à reconnaître le droit au suicide médicalement assisté pour les patients au stade terminal de leur maladie (causant la mort dans les six mois). Le Death with Dignity Act, entré en vigueur en 1997, prévoit cependant un certain nombre de conditions, dont l'examen par un psychologue ou un psychiatre si l'on suspecte un trouble mental pouvant altérer le jugement du patient.
En 2007, cela n'a été le cas pour aucun des 46 malades qui ont été légalement aidés à mourir. Qu'en est-il réellement ? Le Pr Linda Ganzini (département de psychiatrie, université de la santé et des sciences d'Oregon) et coll. ont cherché à évaluer la prévalence de la dépression et de l'anxiété chez des malades en fin de vie demandant l'euthanasie. Une étude a été lancée auprès de 58 habitants de l'État, la plupart atteints de cancer ou de sclérose latérale amyotrophique, qui avaient contacté en ce sens un médecin ou une association. Selon les résultats, publiés aujourd'hui en ligne par le « British Medical Journal », quinze, soit un sur quatre, souffraient de dépression et treize d'anxiété. Si, au final, seulement trois des patients, sur les quinze, qui se sont vu prescrire un médicament à dose létale, étaient dépressifs, les auteurs estiment que la mise en oeuvre actuelle de la loi échoue à protéger les plus vulnérables. Et ils proposent que la dépression soit systématiquement recherchée parmi les candidats au suicide médicalement assisté.
Déterminer si la dépression altère leur jugement est complexe, répond dans un éditorial le Dr Marije Van der Lee (Helen Dowling Institute, Utrecht, Pays-Bas). Dans son pays, rappelle-t-elle, le critère le plus important est la souffrance insupportable et sans espoir du malade. Il serait plus utile, selon elle, de rechercher les troubles dépressifs avant, chez tous les malades au stade terminal. «Nous devons d'abord essayer d'empêcher les patients de devenir dépressifs plutôt que de les protéger du suicide assisté», conclut-elle. > R. C.
« BMJ » 2008 ; 337 : a1682.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature