Une lettre envoyée par Gérard Larcher, sénateur maire (UMP) de Rambouillet, au Premier ministre a mis le feu aux poudres et provoqué la « stupéfaction » de l'ensemble des syndicats de praticiens hospitaliers.
Dans ce courrier, daté du 7 octobre, Gérard Larcher coiffe sa casquette de président de la FHF (Fédération hospitalière de France) et explique à Jean-Pierre Raffarin que l'application simultanée et sans moyens suffisants de la RTT des médecins de l'hôpital public et de la directive européenne qui intègre la garde dans le temps de travail de ces mêmes médecins place les hôpitaux dans « une situation extrêmement périlleuse ».
« La très grande majorité des établissements ne sont pas en mesure, à l'heure actuelle, d'appliquer les nouvelles dispositions des textes », écrit le président de la FHF qui s'inquiète d'autant plus que, même quand des hôpitaux parviennent, dans les limites de leur budget, à suivre la réglementation, ils « font part de conséquences préoccupantes en termes de prise en charge, et en particulier, d'un allongement déjà perceptible des délais d'attente pour les consultations de chirurgie ».
Fort de ce constat et très pessimiste pour la suite dans la mesure où « l'application des nouvelles règles n'est encore que très partielle », Gérard Larcher demande au chef du gouvernement de « reconsidérer » d'urgence « l'ensemble de cette réforme ». Considérant que la France est allée trop loin et trop vite sur ce dossier du temps de travail des médecins hospitaliers, il plaide en particulier pour une saisine des instances européennes dans le sens d'un « réexamen de la directive 93/104 [sur l'intégration de la garde dans le temps de travail, NLDR] au regard des conséquences potentielles - voire déjà réelles - sur le secteur hospitalier ».
Voilà qui n'est pas du tout du goût des principaux intéressés : les praticiens hospitaliers. Après avoir réagi en ordre dispersé, les quatre intersyndicales de PH vilipendent dans un communiqué commun la « provocation » de Gérard Larcher. Dans sa lettre au Premier ministre, écrivent l'INPH, la CHG, la CMH et le SNAM, « l'incohérence et la confusion le disputent à une méconnaissance totale de la réalité hospitalière d'aujourd'hui ». Ne faisant ni une ni deux, les PH contestent à la fois le fond et la forme de la démarche de Gérard Larcher et doutent de la légitimité du président de la FHF à se saisir du dossier de leur temps de travail. « Concernant la RTT hospitalière et la mise en place des directives européennes, une organisation a été mise en place, un calendrier arrêté et des protocoles signés entre les pouvoirs publics et les organisations signataires au nombre desquelles ne figure pas la FHF présidée par Monsieur Larcher », rappellent les syndicats tout en s'étonnant d'une « profonde maladresse qui parasite un débat où seuls les crédits nécessaires manqueraient pour garantir les engagements de l'Etat ».
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