LES 26 PRÉSIDENTS des unions régionales des médecins libéraux ont rendez-vous demain, dans un hôtel de Roissy, pour la première fois depuis les élections professionnelles. A l’ordre du jour de cette réunion statutaire : le vote des rapports moraux et financiers de la CNP, la définition de ses axes de travail et enfin l’élection de son nouveau bureau. Les discussions pourraient tourner court. Les Drs Jean-Claude Régi et Djamel Dib ont en effet prévu d’être présents à cette réunion mais de ne pas participer au vote. Ils présenteront uniquement le projet des treize présidents d’unions FMF d’une nouvelle institution baptisée Union nationale des médecins libéraux (Unml) dont ils ont défini les statuts avec MG-France, Espace Généraliste et l’Uccmsf au sein de l’intersyndicale majoritaire (« le Quotidien » du 4 décembre). «Nous voulons créer un nouvel organe de représentation des médecins à l’échelon national, qui incorporerait tous les syndicats et remplacerait la Conférence nationale des présidents (CNP) d’Urml», explique le Dr Jean-Claude Régi, président de la FMF et de l’Urml Paca.
Mise en cause du bilan.
Créée en 1996, la CNP est une association de loi 1901 qui réunit les présidents des 26 unions régionales. Elle dispose d’un budget de 260 000 euros par an (10 000 euros par union) et a pour mission d’assurer la coordination des différentes unions et d’oeuvrer à l’échelon national sur trois grands dossiers que sont l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP), la transmission des données aux unions et la démographie médicale. La CNP s’est illustrée en début d’année 2006 en participant à la préparation de la gestion de crise sanitaire qui pourrait survenir en cas d’épidémie de grippe aviaire. La CNP a par ailleurs collaboré ou soutenu des congrès ou des colloques organisés par les Urml. Ce bilan paraît bien maigre pour ses détracteurs. Dès le mois d’août, la FMF a contesté la représentativité de la CNP dans son statut actuel. «Cette “association” , du fait des élections aux unions, a déjà perdu la moitié de ses membres, elle ne saurait désormais se substituer ni s’interposer entre les tutelles et les unions régionales, notamment en ce qui concerne les fonds Faqsv destinés à l’EPP», annonçait la FMF. L’intersyndicale reproche à la CNP d’avoir été «exploitée» par la Csmf, quand le syndicat détenait la présidence de 25 unions sur 26. «La Csmf a eu un usage monopolistique des unions, commente le Dr Pierre Costes, président de MG-France . Certains projets mégalomaniaques ont été menés, comme Liberalis, pour le recueil des données. Des millions d’euros ont été dilapidés. Nous souhaitons que les nouvelles équipes des unions débloquent ces situations. La CNP n’a plus sa place dans le paysage institutionnel français.» La FMF demande que la profession «se dote d’un outil moins lourd et performant, de requêtes et d’analyses opposables, utiles à sa défense». Le syndicat souhaite mettre en place un conseil restreint réunissant deux représentants de chaque syndicat ayant obtenu au moins 5 % des suffrages des médecins libéraux aux dernières élections professionnelles.
La Csmf, la FMF, le SML, MG-France, Espace Généraliste et l’Union collégiale (Uccmsf) se partageraient ainsi la présidence tournante de l’Unml tous les six mois. A côté de ce conseil syndical, tous les présidents d’unions se retrouveraient au sein d’un comité de coordination des Urml. Ils disposeraient chacun d’un nombre de mandats au prorata du poids démographique de leur région (ex. : un mandat pour la Guyane, quatre pour l’Ile-de-France).
L’intersyndicale n’est pas seule à dresser un bilan négatif de la CNP. Le Dr Dinorino Cabrera, président du SML, estime lui aussi que la Conférence n’a pas apporté «grand-chose» depuis sa création : «Je ne retiens rien de positif, rien qui justifie le paiement de la contribution des médecins à un tel niveau pour les unions (ndlr : de l’ordre de 150 euros par an et par médecin) . C’est une structure qui vit pour elle-même. Certaines unions ont fait de l’EPP, mais la transmission des données aux unions (TDU) est une charge trop lourde pour elles. Faire mouliner des centaines de millions de feuilles de soins n’est pas donné à tout le monde...»
La dissolution de la CNP ne va pourtant pas de soi. L’instance est en effet mentionnée dans deux décrets sur l’EPP et la transmission des données aux Urml. «La CNP a fonctionné tant bien que mal, mais elle a fonctionné, commente le Dr Michel Chassang, président de la Csmf, qui plaide pour le maintien en l’état de la CNP. Ce qui embête la FMF, c’est qu’ils ont une majorité fort hétéroclite. Créer une institution avec ses amis serait plus simple.» La Csmf rejette toute idée d’union nationale des médecins libéraux qui serait à la fois «très lourde, dépensière et incapable de prendre des décisions», selon le Dr Philippe Boutin (Csmf), président de l’Urml Poitou-Charentes, qui assure l’intérim à la tête de la CNP. La structure nationale des présidents doit permettre leur rassemblement et non être un lieu de conflits entre les syndicats qui paralyserait son action». Le Dr Boutin va proposer que deux représentants de chaque syndicat intègrent des groupes de travail sur quatre dossiers techniques (EPP, TDU, dossier médical personnel, santé publique et grippe aviaire). «Le climat politique et syndical a été difficile, mais il faut savoir arrêter la campagne électorale et recommencer à travailler, lâche le Dr Boutin. J’espère que ce sera possible ce samedi.» Rien n’est moins sûr.
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