«DÈS SES DÉBUTS, le cinéma s'est emparé avec avidité du personnage du médecin, pour le confronter à toute la gamme des genres: comédie, drame social, film de guerre, fantastique, policier, documentaire», explique Thierry Lefebvre, organisateur avec Claude Broussouloux et Martin Winckler du passionnant cycle de films présenté l'année dernière à la Cité des sciences, à Paris, sous le titre « Y a-t-il un médecin dans la salle ? ».
Qui connaît un tant soit peu ses classiques a en tête les psys de « la Maison du docteur Edwardes » (Ingrid Bergman et Gregory Peck, 1945), « Knock » (Louis Jouvet, 1950), le « Grand Patron » (Pierre Fresnay, 1951), les chirurgiens iconoclastes de « Mash » (Elliot Gould et Donald Sutherland, 1970) ou les notables prêts à tout de « Sept Morts sur ordonnance » (Charles Vanel qu'affrontent Gérard Depardieu et Michel Piccoli, 1975). Mais, dès 1900, Alice Guy met en scène un habile chirurgien ; en 1914, Max, le héros burlesque de Linder, épouse une jeune femme médecin et est jaloux des beaux mâles qui peuplent sa salle d'attente ; en 1922, la féministe Germaine Dulac évoque le cas de conscience d'une autre femme médecin que son mari met en demeure de choisir entre son métier et sa famille.
Au cinéma, les médecins sont le plus souvent dévoués. En 1936, John Ford s'emploie à réhabiliter le Dr Mudd, condamné pour avoir soigné l'assassin de Lincoln (« Je n'ai pas tué Lincoln »). Dans « On murmure dans la ville », en 1951, Mankiewicz fait de Cary Grant un praticien artisan d'une médecine humaniste en butte à la jalousie et aux calomnies d'un de ses confrères ; on dit que le film, une comédie, était le préféré de l'acteur, qui avait pourtant l'embarras du choix.
Le bon Dr Schweitzer méritait bien un film, ce sera « Il est minuit Dr Schweitzer », en 1953, avec Pierre Fresnay. Dans « le Cas du docteur Laurent », en 1956, Jean Gabin est un médecin de famille qui ose affronter les préjugés et l'hostilité d'une petite ville pour promouvoir l'accouchement sans douleur. En 1965, ce sera Marie-José Nat, qui, dans « le Journal d'une femme en blanc », affronte, pour des patientes et pour elle-même, le problème de la contraception, pas encore légalisée, et de l'avortement. Dans « Barberousse », en 1965, le grand cinéaste japonais Akira Kurosawa fait un magnifique portrait de médecin des pauvres. Dans « la Cité de la joie » (1992, d'après le roman de Dominique Lapierre), un chirurgien américain trouve un sens à sa vie en se portant au secours des lépreux d'un bidonville de Calcutta.
Sur grand écran, les médecins hospitaliers l'emportent largement en nombre sur les praticiens de ville, surtout ces dernières années. Mais ces derniers n'en sont pas moins intéressants, comme le Dr Sachs incarné par Albert Dupontel (« la Maladie de Sachs », d'après le livre de Martin Winckler, 1999) ou la généraliste jouée par Jeanne Balibar, confrontée à un patient paranoïaque et persécuteur et un autre qui baisse les bras face à l'infection par le VIH (« J'ai horreur de l'amour », 1997).
Et encore, en vrac : Pierre Blanchar fait revivre le Dr Laennec, l'inventeur du stéthoscope (1948) ; Omar Sharif est l'inoubliable Dr Jivago (1965) ; Annie Girardot est l'émouvante Dr Françoise Gailland, à son tour frappée par la maladie (1975) ; Alain Delon se fait chirurgien pendant la Troisième Guerre mondiale (« le Toubib », 1979) ; Robin Williams incarne le Dr Patch, qui fait le clown pour mieux soigner (1998) ; Richard Gere est le très mondain Dr T, que les riches femmes de Dallas s'arrachent (2001) ; Michel Blanc est un médecin homosexuel confronté au début du sida (« les Témoins », 2007).
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