« Cet exploit du Pr Marescaux me ravit et devrait donner un coup de "booster" à nos propres projets. Cela va aller très vite maintenant. » Médecin-chef du Service de santé des armées, neurochirurgien à l'hôpital du Val-de-Grâce, le Dr Michel Desgeorges ne cache pas son enthousiasme après la cholécystectomie réalisée le 7 septembre à Strasbourg par un chirurgien opérant à New York. Le Service de santé des armées est en effet à l'origine de « Robotac », un groupe pluridisciplinaire au sein duquel se retrouvent toutes les disciplines chirurgicales ainsi que des représentants d'industriels et de la Délégation générale à l'armement. Un groupe qui compte bien faire avancer la révolution chirurgicale qui s'annonce. Du même type que la révolution de l'imagerie médicale, il y a quelques années.
Les hôpitaux militaires se sont lancés dans la chirurgie assistée par ordinateur au début des années quatre-vingt-dix. Dans le service de neurochirurgie du Val-de-Grâce, quelque 700 malades ont été opérés depuis 1994 avec l'aide du robot MKM de la société Zeiss (qui pilote un microscope). Un autre MKM est installé à Toulon depuis deux ans. En orthopédie, deux Robodoc sont en place à l'hôpital Percy et à Bordeaux. Et L'hôpital Percy doit bientôt acquérir un robot Zeus de la société Computer Motion, spécialisé en chirurgie viscérale. Cela dans le cadre du projet Maestro prévoyant l'équipement progressif des services de chirurgie militaire. En revanche, les projets de mise en réseaux de ces équipements étaient jusqu'à présents en panne, faute de crédits suffisants. Ces réseaux de démonstration sont indispensables pour valider des opérations à distance telles qu'elles pourraient être menées par la suite sur le terrain.
Une nouvelle logique
« La médecine militaire est entrée dans une nouvelle logique où la chirurgie dite de guerre a de moins en moins sa place. Aucun texte n'indique que le soldat en mission doit être soigné avec des moyens différents de ceux dont il aurait pu bénéficier sur sa base », explique le médecin-général Desgeorges. La téléchirurgie apparaît donc comme un des moyens de répondre à ces nouvelles obligations.
Encore faudra-t-il disposer des lignes à haut débit nécessaires. Dans le cadre d'opérations militaires, il ne peut s'agir de ligne à haut débit réservée par France Telecom comme dans la première du Pr Marescaux. Il faudra réserver des canaux dans les satellites militaires sur orbite basse.
Par ailleurs, il faut organiser une standardisation laissant espérer une baisse de prix des équipements (un robot chirurgical vaut aujourd'hui un million de dollars). « Il n'est pas normal que les robots soient vendus pour une spécialité et que l'on soit obligé d'acquérir une station de travail différente pour chaque équipement », souligne le médecin-général Desgorges. Il faut faire pression sur les industriels pour qu'ils respectent des normes. Le groupe Robotac organise justement au Val-de-Grâce, le 9 novembre prochain, un premier colloque où les chirurgiens des différentes disciplines se rencontreront.
Ce sera la seule façon de démocratiser ces équipements qui semblent encore inaccessibles aux chirurgiens libéraux comme le Dr Jean-Marie Crolais, chirurgien à la clinique Sainte-Claire à Vannes. Président du Catel (Club des acteurs de la télémédecine), qui organise le colloque de Vannes, le Dr Crolais coordonne la séance du jeudi matin sur la chirurgie assistée par ordinateur et la téléchirurgie. Lui aussi pense que « l'assistance d'un robot est en train d'entrer dans les murs chirurgicales pour certains types d'opérations ». Pour donner quelques exemples : dans le domaine de l'orthopédie, les retombées sont importantes ; en ORL, c'est de plus en plus indispensable ; l'assistance du robot donne au neurochirurgien une dextérité supplémentaire et lui permet de s'engager dans des zones inexplorées ; en chirurgie viscérale, c'est le champ opératoire qui est visualisé à l'écran avec commande à la voix de la caméra. « Il ne faut pas généraliser, cela dépend du type d'intervention, mais avec les images des opérations, s'ouvrent également des possibilités de formation à distance pour les chirurgiens », souligne le Dr Crolais. Les images de l'intervention du 7 septembre* ainsi qu'un direct avec l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière qui seront présentés à Vannes, en assureront la démonstration.
* Visibles sur le site www.websurg.com.
Un e-colloque
Pour sa deuxième édition, le colloque de télémédecine de Vannes est devenu e-colloque, c'est-à-dire que le parc des Expositions de Vannes sera relié par visioconférence à d'autres régions (7 sites au total), en France (Strasbourg, Paris, Mulhouse, etc.) et à l'étranger (Canada).
Jeudi 27, matin : médecine assistée par ordinateur et télémédecine ; après-midi : aspects juridiques, déontologiques, économiques et sociologiques.
Vendredi 28, matin : le partage d'informations médicales ; après-midi : les expériences de télémédecine en France et à l'étranger.
Samedi 29, matin : une pratique médicale s'appuyant sur de nouveaux outils (ateliers pratiques) ;
après-midi : université médicale virtuelle, téléformation et Internet médical.
La journée du samedi est ouverte au public, entrée 30 F.
Renseignements : Tél 02.97.68.14.03, www.telemedecine.org.
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