Officiellement, le projet Emercase a pris fin en juin 2002. Pendant deux ans, il a permis à un consortium multidisciplinaire de relever, croiser et analyser des données environnementales, climatologiques et cliniques, pour assurer une veille épidémiologique révolutionnaire.
Sous la houlette du Dr Antonio Guell, le responsable des programmes sciences de la vie au CNES, l'école vétérinaire de Lyon, l'Institut national de la recherche agronomique, le Centre national de la recherche scientifique, le Commissariat à l'énergie atomique, le Service de santé des armées, l'Institut Pasteur et l'Institut de recherche et développement ont conjugué leurs expertises pour étudier la fièvre de la vallée du Rift, depuis l'accumulation des œufs du moustique vecteur de cette maladie jusqu'à la circulation du virus le long du fleuve Sénégal (« le Quotidien » du 20 mai).
« Emercase » a cédé la place à un vaste projet de mise en réseau des 150 agents techniques (inspecteurs départementaux et régionaux) de la direction de l'Elevage du Sénégal (DIREL).
Depuis mai dernier, ces fonctionnaires des 11 directions régionales du pays sont reliés à un logiciel unique (messagerie unifiée, annuaire centralisé, forums de discussion) qui collecte et traite toutes les données épidémiologiques utiles.
La prochaine étape va consister maintenant à finir d'équiper ce réseau et à le connecter aux 33 inspections départementales qui quadrillent le territoire. Un programme qui nécessite la création de nouveaux terminaux informatiques ainsi que la formation des personnels à l'utilisation des nouveaux outils.
Le MEDES, centre de médecine spatiale du CNES, qui assure déjà la télémaintenance du réseau depuis son siège toulousain, accueille dans ce but, depuis quelques jours, deux techniciens missionnés par la DIREL.
Megabanque de données
Dans le même temps, la surveillance spatiale poursuit ses investigations sur d'autres fronts épidémiques : problème des fièvres aviaires d'origine asiatique, avec le développement de modèles de prévision liés aux migrations aviaires ; constitution d'une megbanque de données sur les maladies réémergentes environnementodépendantes, tels la dengue hémorragique en Guyane, la méningite à méningocoque au Burkina Faso, le choléra sur le pourtour méditerranéen.
« A moyen terme, espère le Dr Guell, on devrait logiquement aboutir à la création en Europe d'un système d'alerte précoce pour informer les populations et les responsables de santé publique sur un certain nombre de maladies. Il s'agira de la première étape vers la création, dans un stade ultérieur, d'un Center Disease Control (CDC) européen spécifique aux maladies transmissibles réémergentes, qui fonctionnera sur le même principe que le CDC d'Atlanta, aux Etats-Unis. »
L'intérêt pour ce type de surveillance devrait s'amplifier dans les prochaines années, avec l'importance croissante des fluctuations climatiques, la survenue de phénomènes climatologiques extrêmes tels qu'on peut les observer depuis quelques années dans l'hémisphère Nord, et l'absence de travaux réellement documentés concernant l'impact des modifications environnementales sur la santé humaine.
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