Santé des seniors

Tel père, tel fils

Publié le 17/09/2008
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L'INFLUENCE du milieu d'origine sur la santé à l'âge adulte est connue. La question de l'influence directe de l'état de santé des parents sur celui de leurs enfants devenus adultes n'était en revanche pas tranchée. Les auteurs de l'article publié par l'INSEE, issus de différents organismes de recherche, dont l'IRDES (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé), ont tenté, pour la première fois en France, d'y répondre, à partir de données de l'enquête SHARE portant sur 2 666 personnes âgées de 49 ans et plus.

Les résultats mettent en évidence des «inégalités des chances en santé» selon le milieu social d'origine mais aussi la longévité des ascendants directs. Ainsi, la probabilité d'avoir un bon état de santé perçu augmente bien avec le niveau social d'origine : un individu dont le père était cadre dirigeant, de profession intellectuelle ou employé administratif, a significativement plus de chances de se considérer en bonne santé qu'un autre ayant un père ouvrier ou employé non qualifié. Et c'est aussi valable pour la mère. Mais, dans le cas du père, la profession jouerait un effet indirect via le niveau d'instruction de la personne, alors que la profession de la mère aurait un effet direct sur la santé de l'individu à l'âge adulte. Effet surtout observé chez les femmes et qui pourrait être le résultat de l'influence du niveau de vie dans l'enfance comme de l'influence du niveau d'instruction de la mère sur l'éducation à la santé.

Transmission.

D'autre part, les seniors dont les parents étaient en meilleure santé, c'est-à-dire encore vivants au moment de l'enquête ou qui ont vécu relativement plus longtemps que leur génération, ont significativement plus de chances de déclarer être en bonne santé que les personnes dont les parents sont décédés prématurément.

Par exemple, pour une personne ayant deux parents décédés prématurément, un père ouvrier ou employé non qualifié, n'ayant aucun diplôme, avoir une mère ouvrière ou employée non qualifiée plutôt qu'au foyer réduit de 20 % la probabilité de déclarer un très bon état de santé ; probabilité qui augmente de 15 % si, au contraire, le père est décédé à un âge élevé. Une transmission de la santé observée cette fois essentiellement chez les hommes.

Les données utilisées ne permettent pas de distinguer, soulignent les auteurs, si la transmission intergénérationnelle de la santé est due à un patrimoine génétique commun, à une transmission de préférences particulières pour la santé ou encore à une influence de l'épreuve que constitue la perte précoce de ses parents ; sans compter les facteurs environnementaux. Une étude à venir devrait permettre d'en savoir plus sur le sujet.

« Économie et statistique », n° 411.

> RENÉE CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8421