DES DIRIGEANTS de clinique privée ont fait le siège du ministère de la Santé, mardi en fin de journée, pour protester contre les tarifs que leur a fixés le gouvernement pour 2008 (« le Quotidien » du 29 février). Cette manifestation, organisée initialement à l'appel du syndicat de cliniques Le-MCO (médecine, chirurgie, obstétrique), avait été rejointe par la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP). Le-MCO et la FHP jugent trop chiches les taux de la campagne tarifaire 2008 qui ont été publiés fin février (à savoir + 0,5 % pour les tarifs MCO et + 1 % pour les tarifs en psychiatrie, soins de suite et de réadaptation). Néanmoins, «une partie reste encore négociable», affirme Philippe Burnel, délégué général de la FHP.
Les propositions des responsables de clinique privée au ministère sur cette part négociable tiennent en «six ou sept points» ; elles sont susceptibles, selon eux, d'apporter malgré tout un peu de «marge de manoeuvre» à leurs établissements afin de «maintenir leur équilibre économique» dans un environnement contraint. La FHP et Le-MCO estiment qu'il y a moyen de puiser des ressources supplémentaires pour les cliniques à partir du FMESP (fonds de modernisation des établissements de santé publics et privés) et de l'enveloppe MIGAC (missions d'intérêt général et aide à la contractualisation), en hausse de 6 % et destinée en quasi-totalité aux hôpitaux publics. Les deux organisations demandent au gouvernement de dégager ainsi «100millions d'euros» en 2008, au titre de «l'enveloppe sociale» servant à revaloriser les salaires des personnels des cliniques. La FHP réclame en outre «le fléchage de crédits du FMESP pour amorcer la mise en oeuvre des engagements de la charte qualité» des cliniques psychiatriques.
Pour une équité de traitement avec le public.
Par ailleurs, les établissements privés à but lucratif veulent obtenir «une équité de traitement des ressources dans le cadre du plan Hôpital 2012», mais aussi de nouvelles facturations (« suppléments confort en hospitalisation de jour», télémonitorings foetaux…). La FHP suggère enfin des pistes d'économies au ministère de la Santé, à travers l'ouverture d'une négociation sur la révision des normes techniques de fonctionnement des établissements publics et privés.
Quant à l'enveloppe MIGAC, il serait temps d' «évaluer la distribution (aux hôpitaux publics) de 15milliards d'euros en trois ans», estime Olivier Toma, à la tête du syndicat Le-MCO.
Le président de la FHP Jean-Loup Durousset considère que les 1 250 cliniques et hôpitaux privés «méritent une écoute attentive» de la part du gouvernement, compte tenu de l'évolution de leurs tarifs et du «sacrifice de la convergence tarifaire en 2008». Or il constate le «peu de considération de la ministre», Roselyne Bachelot, qui n'avait pas prévu de recevoir mardi la FHP et Le-MCO et n'est pas venue non plus à la première journée thématique (JT) de la FHP autour de la maternité*.
Après de multiples fusions et fermetures, il reste aujourd'hui 160 à 170 maternités privées en France (dans lesquelles naît un enfant sur trois), mais aucune dans «27départements», souligne la fédération patronale. Dans un contexte tarifaire difficile, la JT Maternité de la FHP lui a servi de vitrine pour promouvoir les innovations de certains établissements. A Limoges, la clinique des Emailleurs propose notamment un dépistage de la surdité chez le nouveau-né. Et cela «sans accompagnement financier», regrette Marc Wasilewski, directeur de la clinique et vice-président du syndicat Le-MCO. La clinique Monplaisir de Lyon a mis en place (par la signature d'une convention avec l'unité psychiatrique du secteur) une consultation de pédopsychiatrie à l'intention des bébés atteints de troubles alimentaires ou psychomoteurs entre 0 et 12 mois. Enfin, Olivier Toma souligne que les maternités privées sont à même de mener des «actions de développement durable en santé reposant sur trois piliers, économique, environnemental et sociétal», par exemple, grâce à l'usage de produits de nettoyage non chimiques, à la pratique de dépistages précoces (amblyopie) ou d'une activité de conseil aux parents.
< AGNÈS BOURGUIGNON
* La FHP organisera trois autres journées thématiques sur la gériatrie (9 avril), la chirurgie (27 juin) et l'éducation thérapeutique (16 septembre).
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