Pour Marisol Touraine, la récente mise en cause par le Conseil d’Etat de la future « salle de shoot » parisienne tombe plutôt mal. De prime abord, le débat semble pourtant se cantonner à de la cuisine de juristes. En résumé, le Conseil d’Etat ne porte aucun jugement sur le bien-fondé de ces lieux de consommation supervisés de drogues. Il se borne juste à constater qu’il serait préférable de modifier la loi au préalable avant d’autoriser de telles expérimentations. Comme le gouvernement a fait l’inverse, préférant la facilité d’un décret, il va donc devoir corriger le tir. C’est un peu vexant de se voir faire la leçon par les juristes du Palais Royal, mais ce n’est pas la mer à boire…
Politiquement, ça risque pourtant d’être plus délicat. D’abord parce que ce contretemps va donner des ailes aux opposants à ces « salles de shoot ». Et cela au pire moment pour le gouvernement : à quelques mois des municipales et alors qu’un récent sondage vient de faire du Front National le premier parti de France ! Gêné sur sa droite, le gouvernement risque aussi à terme de se voir déborder sur sa gauche. Car l’avis du Conseil d’Etat a rallumé le débat sur l’inadaptation de la loi de 1970 qui fonde encore toute notre politique de lutte contre la toxicomanie. Mise en place bien avant les années Sida et l’épidémie de consommation de cannabis que l’on connait, elle considère tout toxicomane un peu comme un malade et beaucoup comme un délinquant. Dans ce contexte, toute politique de réduction des risques et toute expérimentation, type programmes d’échanges de seringues ou salles médicalisées relève, de la part des pouvoirs publics, d’un véritable exercice de contorsion, qui revient à transgresser la loi sans le dire.
Dans le « plan drogue » annoncé en catimini le mois dernier, il n’était cependant pas question de modifier, ne fut-ce qu’une virgule de la loi de 1970. Et pour cause… C’était rouvrir la boîte de Pandore de la dépénalisation. Et ça, le gouvernement ne le veut à aucun prix. Il va difficilement pouvoir faire l’économie de ce débat désormais car on le voit mal légiférer uniquement pour autoriser ses « salles médicalisées». La majorité des intervenants du secteur réclame d’ailleurs une nouvelle loi. Et si les socialistes s’y refusaient, on peut compter sur leurs amis pour rouvrir le dossier. Par exemple du côté des Verts de l’Assemblée... Voilà qui pourrait promettre de longues soirées animées au Parlement !
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