L’équipe du Pr Gérard Lina, à la faculté de médecine de Lyon, a poursuivi ses recherches sur l’utilisation de tampons et de coupes menstruelles et le risque de syndrome du choc toxique (SCT).
Les chercheurs ont présenté leurs résultats dans « Applied and Environnmental Microbiology », un journal de la société américaine de microbiologie. D’après une étude in vitro, ils ont constaté que les tampons, tout comme les coupes menstruelles, pouvaient servir de milieu de culture à des bactéries Staphylococcus aureus produisant la toxine du syndrome du choc toxique 1 (TSST-1), et que la structure et la densité de la fibre du tampon (plutôt que sa composition) ainsi que la fréquence de changement de la protection, étaient en cause dans le risque potentiel associé.
Le Centre national de référence (CNR) du staphylocoque des Hospices civils de Lyon (HCL) avait présenté l’an dernier des résultats préliminaires de cette étude in vitro menée sur 11 types de tampons et quatre types de coupes menstruelles et leur effet sur la production de S. aureus et la production de TSCT-1.
Déstructuration des fibres
« Dans les années 1980, certains produits périodiques étaient plus à risque de SCT, car ils favorisaient la production de TSST-1, mais notre étude montre qu'avec ceux actuellement commercialisés, ce n’est plus le cas », indique au « Quotidien » le Pr Gérard Lina, auteur principal de l’article et chercheur dans l’équipe Pathogénie des Staphylocoques à la faculté de médecine de Lyon. « Elle montre aussi qu’a contrario, aucun produit n’élimine ce risque. Il a ainsi été avancé pendant un temps que le coton bio pour les tampons, ou bien la coupe menstruelle, évitaient le risque de SCT. Mais nos résultats prouvent que c’est plutôt la structure du tampon et la densité des fibres qui sont en cause : quand la structure des tampons est altérée, S. aureus se multiplie plus rapidement et produit davantage de toxine. La durée d’utilisation est aussi impliquée. » Et la coupe menstruelle a aussi été mise en cause dans la survenue de SCT et pourrait même favoriser davantage que les tampons la croissance de S. aureus et la production de TSCT-1, par l’introduction additionnelle d’air dans le milieu avec la coupe, davantage qu’avec un tampon.
Éducation à l’utilisation
Le SCT est une maladie qui reste très rare mais sévère. Le Pr Lina souligne que l’implication de la durée d’utilisation dans le risque plaide pour des changements réguliers de tampons. Le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de janvier 2018 avait déjà souligné l’importance de ces changements fréquents, ainsi que de l’hygiène d’utilisation. Quant aux coupes, « nous avons constaté qu’un biofilm bactérien important restait collé à la coupe après utilisation », indique le Pr Lina. Contrairement aux conseils d’utilisation habituels, « il ne suffit pas de les rincer à l’eau claire avant de les réutiliser, mais il est préférable de les stériliser par ébullition entre chaque utilisation – et donc avoir un jeu de deux ou trois coupes pour pouvoir passer de l’une à l’autre. »
L’équipe du Pr Lina poursuit son travail sur le sujet en continuant l’analyse des résultats de la collecte de tampons, et prépare aussi un article sur les facteurs de risque de survenue de SCT et l’éducation à l’utilisation des protections périodiques. Enfin, « un autre article est en cours de relecture sur l’effet de la flore vaginale sur le SCT. Les résultats sont très intéressants », conclut le Pr Lina.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature