La relève. C'est ce que l'on espère toujours. L'étonnement devant un monde qui existe, qui possède sa cohérence et son charme, ses mystères et que l'on ne connaissait pas du tout. C'est ce qui arrive avec Laurent Frechuret, installé avec sa compagnie le Théâtre de l'Incendie, à Saint-Etienne où il a grandi et que l'on ignorait jusqu'alors, n'ayant pas eu l'occasion de voir son travail.
Il ne va pas au plus simple, ce jeune homme qui met en scène. Il aime Artaud et Cioran, Bond et des auteurs qui résistent, sont rétifs. Il choisit deux textes de Copi qu'il lie très intelligemment en un espace unique, triangulaire, très intime et très ludique, entre cirque et music-hall, une scénogarphie de Stéphanie Mathieu qui signe également d'amusants costumes, un espace que Frechuret utilise à merveille. Un peu de son (François Chabrier), des lumières (Laurent Berger) et surtout une collection unique d'acteurs talentueux et très bien distribués et dirigés, et le miracle est là. Copi si rétif paraît simple et évident. On dirait du Copi par Copi !
« L'Uruguayen » n'est pas un texte de théâtre. Il est bien coupé, densifié, interprété avec esprit par Eric Borgen, mobile, vaguement fatigué mais l'il aux aguets, narrant sans se départir jamais d'un imperturbable sérieux, des histoires totalement abracadabrantes. D'ailleurs, il est sur une piste rose, vaguement gonflable comme un vieux matelas pneumatique. Il est drôle, fin, très bien tenu par son metteur en scène qui a de l'humour.
Un entracte, Nicolas Dufour pour faire le lien, et l'on passe au théâtre, à l'extravagance au théâtre avec « la Pyramide ».
Elle est précolombienne et la Reine est impayable. Elisabeth Macocco que l'on retrouve avec bonheur compose, accent et mimiques, un personnage qui est la quintessence de l'imagination de Copi. Elle est magnifique. Face à elle, sa fille, parfaite, drôle, tellement vive, mobile, Anne Rejony est un miracle scénique constant. Le Rat, protagoniste central, est interprété avec un grand sérieux par Stéphane Bernard tandis que Rémi Rauzier s'amuse bien dans ses habits de jésuite...
Une fantaisie coloniale et aztèque dans laquelle Laurent Frechuret entend et nous fait entendre toute la force d'une pensée, d'une écriture précise, jamais gratuite. C'est drôle, scandaleusement excessif, mais gentil et sincère, innocent comme Copi lui-même. Le monde d'un écrivain mis en scène par un jeune homme très clairvoyant.
Théâtre de l'Epée de Bois à la Cartoucherie de Vincennes, à 20 h 30 du mardi au samedi et le dimanche à 16 heures (01.48.08.39.74). Durée : 2 h 30 entracte compris. Jusqu'au 18 mai, puis les 6 et 7 juin à Saint-Chamond (04.77.31.37.27). Les textes de Copi sont publiés chez Christian Bourgois.
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