Octobre 2001. Agé de 26 ans, l'homme est admis en urgence à l'hôpital Robert-Ballanger (Aulnay-sous-Bois) pour une douleur lombaire droite à type de colique, d'installation brutale, de forte intensité, accompagnée d'une douleur testiculaire droite, précisent Elias Habib et coll.
On apprend que trois mois auparavant, il a eu un épisode de pollakiurie avec douleur pelvienne et que, cinq jours avant l'épisode actuel, il a déjà souffert de douleurs lombaires et du flanc droit, à type de colique.
L'examen retrouve une douleur très intense lombaire droite, du testicule droit et du cordon droit.
On évoque une colique néphrétique droite hyperalgique. L'échographie rénale montre une dilatation des cavités droites et de l'uretère droit, sans obstacle lithiasique.
Une masse pelvienne centrée par une lumière intestinale
L'échographie montre une masse pelvienne droite mesurant 10 x 8 cm, qui s'appuie sur la vessie. Au scanner, cette tumeur semble contenir une lumière intestinale et comprimer l'uretère. Après opacification du tube digestif, le scanner montre une masse centrée par une lumière digestive et localisée en amont du caecum. Le diagnostic de tumeur de l'iléon terminal obstruant l'uretère pelvien droit est posé.
On opère et l'on découvre une tumeur de l'iléon terminal de 10 x 8 x 7 cm envahissant la graisse rétropéritonéale, le péritoine vésical, l'uretère pelvien et le déférent. On fait une résection iléo-caecale emportant l'uretère pelvien et le déférent ; puis une urétéro-iléoplastie et une anastomose iléo-colique latéro-latérale.
La tumeur est un lymphome de haut grade de malignité de l'iléon terminal dont l'exérèse chirurgicale est complète. Etant donné l'extension, une chimiothérapie adjuvante est effectuée. Quinze mois plus tard, il n'y a ni récidive ni métastase.
A l'occasion de complications
« Les tumeurs de l'intestin grêle se manifestent à l'occasion de complications telles qu'invagination, occlusion intestinale, ulcération de la muqueuse, ulcération d'un vaisseau, nécrose tumorale ou perforation tumorale », indiquent les auteurs.
« Dans notre observation, en l'absence d'occlusion intestinale, une coloscopie avec iléoscopie rétrograde aurait permis de réaliser des biopsies de l'iléon terminal. A posteriori, la muqueuse iléale n'étant pas ulcérée, ces biopsies n'auraient sans doute pas permis de poser le diagnostic de lymphome ou d'évaluer son grade. Mais s'il n'y avait pas d'urgence digestive, il y avait une urgence urinaire : la désobstruction du rein droit. »
Comme c'est le cas dans cette observation, une tumeur maligne qui se développe au niveau de l'iléon terminal fixé contre le péritoine pelvien droit peut envahir l'uretère pelvien droit entre le caecum et la vessie et le canal déférent droit entre l'orifice inguinal profond et la vessie, soulignent les auteurs. « L'envahissement rapide de l'uretère pelvien droit et du canal déférent droit par un lymphome de l'iléon terminal et l'oedème induit par la nécrose tumorale peuvent provoquer une colique néphrétique et une colique spermatique. »
Elias Habib, Mohamed Sayad, Moustapha Bensmaili, Christian Sadoudi, Ramez Khoury et André Elhadad. « Gastroenterol Clin Biol », 2003 ; 27 : 116-119.
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