Le tabagisme passif chez les enfants de trois ans ne s'accompagne pas d'une augmentation de la sensibilisation allergique à l'âge de 4 ans. En revanche, le trafic des camions a des effets délétères sur la fonction respiratoire des enfants scolarisés.
LES DONNEES scientifiques récentes ne permettent plus le doute sur les effets de la fumée de tabac sur la santé de l'entourage des fumeurs, qu'il soit composé d'enfants ou d'adultes. Chez les enfants, l'exposition passive à la fumée du tabac provoque en particulier une augmentation du risque de crise d'asthme et de râles sibilants. Cette donnée a notamment été validée par une étude de cohorte, la Children health study, dans laquelle 5 700 enfants ont été suivis pendant une durée de 10 ans (1). Le rôle de cofacteur du tabagisme passif avait ainsi été démontré. Toutefois, les effets de ce facteur environnemental sur la sensibilisation allergique restaient mal connus.
Cohorte PIAMA et tabagisme passif.
M. Kerkhof et coll. ont donc entrepris d'évaluer l'existence d'une relation dose-réponse entre l'exposition des enfants au tabagisme passif à l'âge de trois ans et l'existence éventuelle d'une allergie respiratoire ou alimentaire chez les mêmes enfants, mais âgés de 4 ans. Pour cela, les auteurs ont utilisé les données de 693 enfants inclus dans la cohorte de naissance Piama (Prevention and Incidence of Asthma and Mite Allergy) (2). La sensibilité aux allergènes respiratoires (acariens, chiens, chats) ou alimentaires (lait, œuf) a été définie par un taux d'immunoglobulines E spécifiques supérieur ou égal à 35 UI/ml. Une analyse faisant appel à la régression logistique a été réalisée afin de déterminer des risques relatifs estimés (odds ratio) dotés d'un intervalle de confiance de 95 %.
Cette étude a montré que l'exposition des enfants de trois ans au tabagisme passif ne s'accompagne pas d'un accroissement de la fréquence de l'allergie alimentaire chez ces mêmes enfants à l'âge de 4 ans. Bien plus, les allergies respiratoires ont semblé moins fréquentes lorsque le tabagisme passif était plus important (p=0,01). Le risque relatif estimé d'allergie respiratoire a été de 0,60 (intervalle de confiance à 95 %, 0,37-0,99, p=0,05) pour un accroissement du tabagisme parental de 10 cigarettes par jour.
Lors de la discussion, les auteurs ont précisé que les résultats de l'étude, en l'état actuel, ne permettaient pas de faire la distinction entre tabagisme maternel et paternel, en raison de l'insuffisance de puissance statistique de l'essai. Ils ont également indiqué que la découverte d'une allergie respiratoire chez l'enfant semblait déclencher une cessation du tabagisme parental.
Les camions altèrent la fonction respiratoire des enfants.
Toujours dans le cadre de la pollution, une présentation fort originale a évalué les relations entre l'exposition au trafic routier, en particulier celui des camions, et la réponse inflammatoire chez des enfants asthmatiques de Mexico. Le lieu de l'étude a été Iztapalaca, l'une des 16 délégations, ou « arrondissements », de la ville, en raison de l'intensité de la pollution urbaine qui la caractérise. Afin de déterminer si le passage de nombreux camions à proximité pouvait être considéré comme ayant un impact délétère sur leur fonction respiratoire, les auteurs ont entrepris une étude prospective dans laquelle 92 enfants asthmatiques de 6 à 13 ans ont été suivis pendant 14 semaines, une spirométrie et une mesure de l'oxyde nitrique expiré ayant été réalisées tous les 15 jours. Ils ont également localisé géographiquement les 35 écoles de la délégation, et obtenu des autorités des données chiffrées sur le trafic des camions dans les grandes artères situées à proximité de ces établissements scolaires. Après ajustement, il est apparu que la distance entre l'école et les grands axes routiers était inversement proportionnelle à l'obstruction bronchique (p=0,014). Il en est allé de même pour l'intensité du trafic des camions (p=0,08). Ce parallélisme inverse a également été constaté avec la capacité vitale forcée (respectivement p=0,021 et 0,06). En revanche, ces paramètres étaient directement proportionnels à la mesure de l'oxyde nitrique expiré (respectivement p=0,019 et 0,13). Une augmentation du taux d'interleukine 8 dans le liquide de lavage nasal a également été constatée.
Ces données préliminaires, limitées en particulier par la taille de l'échantillon de la population étudiée, plaident en faveur de l'effet délétère du trafic des camions sur la fonction respiratoire chez les enfants.
Pour finir Isabelle Romieu (Instituto Nacional de Salud Publica, Mexico) a discuté le mécanisme intime de cet effet nocif de la circulation des camions. En particulier, elle envisage le rôle possible du stress oxydatif ainsi qu'une protection éventuellement possible par des antioxydants comme les vitamines C ou E.
D'après les communications de M. Kerkhof et coll., Groningne,Pays-Bas.
1. Gilliland FD, et coll. Effects of maternal smoking during pregnancy and environmental tobacco smoke on asthma and wheezing in children. Am J Respir Crit Care Med 2001 ; 163 (2) : 429-36.
2. Wijga A, et coll. Are children at high familial risk of developing allergy born into a low risk environment? The PIAMA Birth Cohort Study. Prevention and Incidence of Asthma and Mite Allergy. Clin Exp Allergy 2001 ; 31 (4) : 576-81.
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