S'il fallait trouver de nouveaux arguments pour dissuader les patientes enceintes de fumer, le dernier « British Medical Journal » en fournit. Deux médecins suédois, à partir de données britanniques, mettent en avant, à la fois, un risque majoré de diabète de type 2 et d'obésité sans diabète chez les enfants nés de mère ayant fumé au cours de leur grossesse.
Une telle analyse a nécessité de nombreuses années de recul et donc le recours à des banques de données anciennes. Les auteurs ont utilisé celles des enfants nés entre les 3 et 9 mars 1958 et enregistrés dans la British National Child Development Study. Ils ont été examinés à 7, 16 et enfin 33 ans. Bien sûr, des informations sur les mères étaient également à disposition des enquêteurs, dont les habitudes tabagiques au-delà du 4e mois de grossesse. Ces femmes ont été classées en non-fumeuses, fumeuses modérées (1 à 9 cigarettes/j), fortes (> 10) et variables.
Sur les 17 000 naissances de la période considérée, la cohorte arrivée à 33 ans représentait encore 11 359 personnes, au sein desquelles 4 917 ont pu faire l'objet de l'analyse.
Un odds ratio de 4,02
Le calcul statistique montre, après ajustement en fonction de divers facteurs pouvant être responsables de biais, un sur-risque de diabète de type 2 en relation directe avec le tabagisme maternel. L'odds ratio, fixé arbitrairement à 1 lorsque la mère ne fumait pas, passe à 1,01 (p = 0,990) pour une fumeuse modérée, à 3,55 (p = 0,076) pour un tabagisme variable et à 4,02 (p = 0,030) pour une grosse fumeuses. En outre, pour les personnes suivies, fumer dès l'âge de 16 ans majore de façon indépendante le risque de survenue d'un diabète de type 2.
En ce qui concerne l'obésité, après exclusion de ceux atteints de diabète de type 2, environ 10 % des sujets présentaient un IMC supérieur à 30. Ainsi l'odds ratio, une fois ajusté et fixé à 1 pour une mère non fumeuse, est calculé à 1,34 pour une mère peu fumeuse, 1,35 en cas de variations et 1,38 pour une grosse fumeuse. Un tabagisme de l'enfant (non diabétique) à l'âge de 16 ans n'influe pas sur le risque d'obésité.
« Les odds ratios pour l'obésité sans diabète de type 2, précisent les médecins suédois, sont plus modestes que ceux du diabète et la liste des facteurs de biais peut être plus vaste. »
Les auteurs proposent une approche explicative : ils suggèrent que le tabagisme, durant la grossesse, agit négativement par le biais d'une malnutrition ou d'une toxicité fœtale conduisant à une dysrégulation métabolique tout au long de la vie.
« British Medical Journal », vol. 324, 5 janvier 2002, pp. 26-27.
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