Jean-Pierre Davant, les Pr Thomas Tursz et Guy Vallancien signent à six mains, sous la houlette de Pierre Boncenne, un livre débat sur « La Révolution médicale » (1).
La recherche, l'hôpital, les professions de santé, les médicaments, l'évaluation, l'information et les médias, l'espérance de vie : autant de sujets de réflexion pour le président de la Mutualité, le directeur de l'Institut Gustave-Roussy et le chirurgien de l'institut Montsouris. Transcrits sur le mode de la conversation, leurs propos d'experts se croisent, se rencontrent, divergent, se retrouvent. Le comportement des malades, le fonctionnement de la recherche, les rouages de l'industrie du médicament... passent à la moulinette de leurs méninges. Avec, en toile de fond, les préoccupations économiques du moment.
L'idée de départ est que le domaine de la santé est en train de vivre une « révolution scientifique » d'une telle ampleur qu'il est devenu urgent d'envisager l'avenir du pouvoir médical et celui de l'organisation du monde de la santé tout entier.
Les professionnels du secteur font l'objet d'un chapitre de cette « Révolution médicale », dans lequel les médecins sont secoués sans ménagement. Le Pr Vallancien y bat sa coulpe en ces termes : « Le délabrement actuel du système (de santé) est dû, pour moitié, au médecin et, pour l'autre moitié, à l'impéritie de l'administration, des gouvernements, mais aussi à l'irresponsabilité des citoyens. Je n'hésite donc pas à dire que nous, médecins, nous sommes en partie responsables du gâchis parce que nous n'avons jamais su faire des propositions sérieuses face aux évolutions économiques et à la pression dans la demande de soins. Nous n'avons pas voulu changer notre comportement pour mieux organiser notre système de soins, et, résultat, la facture on la paie trente ans après. » L'évaluation des professionnels de santé, jugée nécessaire par les trois auteurs, permet au Pr Tursz de porter une belle estocade : « Aujourd'hui, la déontologie médicale française, c'est de ne pas évaluer, de dire que tous les médecins sont également compétents et se valent tous et qu'à partir du moment où l'on possède le diplôme de docteur en médecine on n'a pas le droit de porter un jugement sur votre pratique. [...] La médecine doit être évaluée, et, comme pour les chercheurs, c'est une forme de protection. L'évaluation me paraît être le seul rempart pour que le juge de paix final ne soit pas le juge pénal. »
La judiciarisation galopante de la santé est aussi un motif d'inquiétude pour Jean-Pierre Davant. « Il faut arrêter, dit-il à propos du couple médecine-médias, les dérives conduisant à convertir le champ de la santé en un énorme fromage pour les avocats. Par conséquent, il faut arrêter de présenter la médecine comme devant à tous les coups aboutir à des résultats positifs. »
(1) Jean-Pierre Davant, Thomas Tursz, Guy Vallancien, avec Pierre Boncenne, « la Révolution médicale », Seuil, mars 2003.
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