I LS se savaient cousins, ils se sont découverts frères d'armes. Généralistes français et québécois ont pu constater, lors d'échanges qui viennent d'avoir lieu en France, qu'ils avaient au moins un ennemi commun : la propension de leur gouvernement respectif à vouloir imposer une régulation des dépenses de santé.
Les médecins de l'UNOF (Union nationale des omnipraticiens français) qui ont reçu une délégation de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), la seule organisation représentative des 7 500 généralistes de la belle province, se sont rendus à l'évidence : ils ne sont pas les seuls dans le malheur. Au Québec aussi, les autorités ont voulu imposer aux praticiens libéraux des sanctions en cas de dépassement d'enveloppes budgétaires préétablies. Au Québec aussi, les médecins ont dépassé lesdites enveloppes (dépassement, l'an dernier, de 150 millions de dollars canadiens, soit 727 millions de francs, ce qui représente 15 % environ de l'enveloppe globale). Au Québec aussi, les pouvoirs publics ont été contraints d'effectuer un « rebasage », c'est-à-dire d'effacer les dépassements enregistrés sans appliquer les sanctions prévues. Et au Québec aussi, le problème de la maîtrise des dépenses n'est pas résolu.
Sur bien des points, le Québec est cependant allé plus loin que la France dans la régulation de son système de santé. En introduisant, d'abord, un système de tiers payant généralisé. En créant, ensuite, à côté des cabinets libéraux, 1 500 centres locaux de santé communautaire (CLSC) où les médecins sont rémunérés au forfait. En instaurant aussi un plafonnement d'honoraires (240 000 francs par trimestre). En permettant également une meilleure coopération entre la médecine libérale et l'hôpital (de très nombreux généralistes travaillent dans les hôpitaux d'où ils tirent parfois plus de la moitié de leurs revenus). En optant, enfin, pour une politique volontariste visant à réguler l'implantation des médecins. Les jeunes médecins qui choisissent de s'installer dans les zones urbaines où le nombre de médecins est déjà important ont des honoraires minorés de 30 %. En revanche, ils ont des honoraires majorés s'ils travaillent dans des zones éloignées et isolées.
Autant de spécificités québécoises que les généralistes français analysent avec un étonnement parfois mêlé d'effroi. Tout au plus les responsables syndicaux français ont-ils pu apprendre, avec concupiscence, qu'au Québec les cotisations syndicales sont obligatoires, prélevées à la source, et reversées intégralement à la FMOQ. Un système qui arrangerait sans doute les finances des organisations professionnelles françaises.
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