PRATIQUE
Les immunoblots sont maintenant des examens faciles à réaliser, le plus souvent comme tests de confirmation pour de nombreuses infections, bactériennes (Lyme, coqueluche), virales (SIDA, HTLV), parasitaires (anisakiase, aspergillose, distomatose), hématologiques (auto-anticorps antiplaquettes) et même en mycologie.
La technique est facile. Les résultats peuvent être obtenus en quatre-vingt-dix minutes environ, et la spécificité est absolument remarquable.
Depuis six ans environ, nous utilisons ces techniques pour le sérodiagnostic de la syphilis en remplacement du test de Nelson, et c'est là un grand progrès apporté à ce sérodiagnostic, souvent difficile à bien réaliser, si l'on en croit les contrôles de qualité nationaux ou autres.
En pratique, cette réaction est réalisée à partir d'un lysat de tréponèmes pâles (souche Nichols). Les antigènes sont séparés par électrophorèse en gel de polyacrylamide (SDS PAGE). Les « protéines-antigènes » sont transférées ensuite sur des membranes de nitrocellulose qui sont séchées et découpées en bandelettes. Elles sont commercialisées, prêtes à l'emploi, accompagnées des réactifs nécessaires à la recherche soit des IgG, soit des IgM.
En présence du sérum dilué des patients et après quelques manipulations simples, qu'il n'est pas utile de décrire ici, les bandelettes sont interprétables à l'il nu, en fonction du nombre de bandes colorées qu'elles présentent et de leur position sur la bandelette, positions qui correspondent à des masses moléculaires (kD).
Ainsi, un sérum négatif ne doit présenter aucune bande colorée. Un sérum est considéré comme positif quand on identifie, parmi les nombreuses bandes existantes, trois bandes spécifiques localisées à 47, 17 et 15,5 kD. La présence de ces trois bandes est indispensable pour affirmer la positivité d'un sérum.
On peut révéler les IgG et les IgM séparément et cela avec une extrême sensibilité et spécificité.
On sait qu'un sérum de faible positivité ne va montrer que quelques bandes en dehors des trois spécifiques exigées, alors que le sérum d'un sujet atteint d'une infection évolutive peut montrer sur la bandelette un nombre considérable de bandes, s'étendant entre 14 et 98 kD. Cela a également été prouvé expérimentalement sur des lapins inoculés avec une souche de T. pallidum dont on a étudié l'apparition des anticorps par immunoblots chaque jour après l'inoculation.
Donc, avec un peu d'expérience, il est possible de dater à peu près la maladie et de préciser s'il s'agit d'une infection primaire ou secondaire, d'une syphilis nerveuse (car la méthode est aussi applicable au LCR), d'une cicatrice sérologique ou d'une syphilis congénitale chez l'enfant.
Il est important que tous les cliniciens, comme les biologistes, connaissent l'existence de ce test de diagnostic qui est beaucoup plus performant que ne l'était le test de Nelson, et qui permet de détecter de manière formelle la présence ou l'absence d'IgM.
La syphilis est en pleine recrudescence actuellement et, en présence d'un test de dépistage positif, ces deux tests de confirmation sont très importants, surtout concernant les IgM pour lesquelles les autres techniques de recherche (FTA...) sont peu fiables.
Les immunoblots « syphilis » sont faciles à exécuter par tout laboratoire. Ils sont précoces, sensibles, rapides et très spécifiques. C'est pourquoi la Commission nationale de nomenclature des actes de biologie médicale a donné un avis favorable à leur inscription. La cotation retenue est de B180 pour les IgG ou les IgM et de B300 pour les deux pratiquées en un seul temps. Et maintenant, nous attendons l'arrêté ministériel d'inscription à la nomenclature qui permettra leur prise en charge par les organismes de Sécurité sociale. Néanmoins, ces deux immunoblots se pratiquent couramment depuis six ans en France.
Souhaitons que cette mise au point fasse avancer les choses auprès des ministères concernés afin que les patients soient enfin remboursés de ces examens irremplaçables.
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