L' ACRONYME IPEX signifie : Immune Dysregulation, Polyendocrinopathy, Enteropathy, X-linked syndrome.
Les symptômes de cette maladie récessive de la petite enfance incluent une diarrhée, une dermatite ichtyosiforme, un diabète insulinodépendant, une thyroïdite et une anémie hémolytique.
Plusieurs éléments suggèrent qu'il s'agit d'une maladie auto-immune. Des mutations du gène FOXP3 ont récemment été identifiées.
Malgré les mesures thérapeutiques tentées (nutrition parentérale,insuline, transfusion sanguine, traitement immunosuppresseur par corticoïdes et ciclosporine), le pronostic est pauvre et la plupart des cas rapportés ont été fatals.
Dans ce contexte, des Français ont réalisé une allogreffe de moelle chez un enfant de 4 mois.
Diarrhée
La mère a eu sept grossesses : une fausse couche inexpliquée à quatre mois ; quatre filles en bonne santé ; un garçon décédé à 4,5 mois, dans un tableau de diarrhée intraitable, de thrombocytopénie, de diabète de type 1 et de dermatose ichtyosiforme (à la biopsie duodénale : atrophie villositaire ; à l'autopsie : infiltration lympho-plasmocytaire dans le foie, le grêle, le côlon et le pancréas) ; un garçon dont il est ici question. Ce garçon est né à terme, avec un poids et une taille normaux. Mais à 4 semaines, il présente une diarrhée sécrétoire. A la biopsie duodénale, la muqueuse aplatie, atrophiée ; dans la lamina propria : nombreux lymphocytes et plasmocytes ; il existe une nécrose des cryptes (idem au niveau de l'estomac et du côlon). Le poids chute, d'où nutrition parentérale.
A 2,5 mois, on découvre un diabète de type 1 ; malgré l'insuline I. V., on a du mal à contrôler la glycémie.
Il existe une ichtyose et une anémie hémolytique ; des transfusions répétées sont nécessaires.
Suspecté cliniquement, le syndrome IPEX est confirmé par la présence d'une mutation de FOXP3. Un traitement immunosuppresseur est suivi d'une réponse transitoire ; puis l'état se détériore. A 4 mois,on réalise une greffe avec la moelle d'une de ses sœurs.
A J3, la diarrhée s'améliore ; à un mois, les selles sont normales. Deux semaines plus tard, une alimentation solide est introduite prudemment ; la nutrition parentérale est arrêtée un mois plus tard ; à six mois, l'alimentation est normale, de même que le transit intestinal. Les biopsies montrent la restauration d'une structure normale.
Le traitement de conditionnement prégreffe a été associé à une amélioration du contrôle glycémique et l'insuline a été arrêtée sept jours avant la greffe ; les anticorps anti-îlots et anti-GAD65 ne sont plus détectés à J180 ; les transfusions ne sont plus nécessaires à J21.
Rémission
Ainsi, vingt-trois mois après le greffe, le patient va bien ; sa taille, son poids et son périmètre crânien sont normaux.
Vingt-neuf mois après la transplantation, alors qu'il est encore en rémission, l'enfant meurt ; une hémophagocytose inexpliquée est découverte dans la moelle.
« La greffe de moelle osseuse a été suivie d'une rémission complète, soulignent les auteurs . De façon intéressante, le régime conditionnement lui-même a contrôlé la plupart des manifestations cliniques et biologiques de la maladie, y compris la diarrhée, l'hyperglycémie et la dermatose. La prise de greffe a probablement facilité la rémission prolongée et le patient est resté en rémission clinique et biologique pendant plus de deux ans après la greffe. »
« Etant donné qu'il y a une mutation germinale dans l'IPEX, il est improbable qu'une greffe de moelle autologue aurait entraîné une rémission soutenue. »
« A notre avis, la greffe de moelle reste une option curative potentielle pour les patients atteints d'IPEX, même s'il faut envisager avec soin le risque de complications à long terme, comme l'hémophagocytose. »
O. Baud, O. Goulet, Danielle Canioni, F. Le Deist, I. Radford, S. Dupuis-Girod, N. Cerf-Bensussan, M. Cavazzana-Calvo, N. Brousse, A. Fischer, J.-L. Casanova. « New England Journal of Medicine » du 7 juin 2001, pp. 1758-1761.
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