Il n'est pas fréquent que des médecins, à la fin d'une étude, concluent à l'inverse de leur hypothèse de départ. C'est ce qui s'est passé au cours d'un travail mené par une équipe de médecins américains, britanniques et canadiens à propos de l'anticoagulation au cours du syndrome des antiphospholipides. Mark A. Crowther et coll. ont cherché à confirmer que les thromboses artérielles ou veineuses, fréquentes chez ces patients, sont mieux prévenues par des doses d'AVK amenant l'INR entre 3,1 et 4 qu'entre 2 et 3. A l'issue de 2,7 ans de suivi, ils ont constaté l'absence de différence d'efficacité entre des anticoagulations fortes et modérées.
Les investigateurs ont mené une étude randomisée en double aveugle auprès de sujets atteints du syndrome des antiphospholipides et aux antécédents de thrombose. Les 114 patients ont été scindés en deux groupes : 56 fortement anticoagulés (INR de 3,1 à 4) et 58 modérément (INR de 2 à 3). Une rechute de thrombose a été enregistrée chez 6 des 56 patients intensément traités (10,7 %) et chez 2 des 58 autres (3,4 %). Un saignement sévère a été relevé dans 3 cas sous INR entre 3,1 et 4 et dans 4 cas d'INR entre 2 et 3.
Le résultat va à l'encontre d'études antérieures, mais ces dernières, rétrospectives, bénéficiaient, selon les auteurs, de données insuffisantes sur les rechutes et les INR. Ici, le travail était prospectif avec un suivi précis des patients.
« New England Journal of Medicine », vol. 349, n° 12, 18 septembre 2003, pp. 1133-1138.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature