Cette étude BBEST, dans laquelle doivent être inclus une centaine de patients, est coordonnée par le service de pharmacologie de l'HEGP ; le principal investigateur est le Dr Pierre Boutouyrie et l'investigateur associé le Dr Dominique Germain (service de génétique, HEGP).
Actuellement, on ne dispose d'aucun traitement préventif des complications cardio-vasculaires du SED vasc.
Complications vasculaires, digestives et utérines
Quelles sont ces complications ? Il s'agit de déchirures, dissections, anévrysmes artériels, prédominant sur les artères thoraco-abdominales de taille moyenne et l'aorte ; d'hémorragies intracrâniennes sur rupture d'anévrysme, dissection des artères vertébrales et des carotides ; de perforations digestives touchant surtout le sigmoïde et parfois le grêle et l'estomac ; de ruptures spontanées de la rate et du foie ; de rupture vasculaire ou utérine lors du dernier trimestre de grossesse, de l'accouchement ou du post-partum immédiat.
La médiane de survie est de quarante-huit ans.
Pourquoi tester le céliprolol dans l'étude BBEST ? Il existe dans le SED vasc une exagération des contraintes mécaniques sur une paroi vasculaire anormalement fine et fragile, pouvant favoriser la dissection ou la rupture. Un vasodilatateur réduit la pression pulsée locale et contribue donc à diminuer la contrainte pulsatile sur cette paroi. De plus, un bêtabloquant, en diminuant la fréquence cardiaque, réduit aussi le nombre de cycles imposés à l'artère. Le céliprolol a été choisi car il s'agit d'un bêtabloquant ß1 sélectif, ß2 agoniste partiel, combinant une vasodilatation périphérique et une diminution modérée de la fréquence cardiaque de repos ; il est réputé pour sa bonne tolérance.
Cette étude va porter sur des hommes et des femmes âgés de 15 ans et 2 mois à 65 ans, présentant un SED vasculaire authentifié ou ayant de fortes suspicions du diagnostic. Le diagnostic est essentiellement clinique. Le faciès est caractéristique : visage émacié avec pommettes saillantes et joues creuses ; yeux excavés ou globuleux avec pigmentation péri-orbitaires, fines télangiectasies des paupières ; nez fin, pincé ; lèvres minces. Une confirmation peut être donnée par l'analyse biochimique du collagène III ou par l'analyse en biologie moléculaire de l'ADN (mutation du gène COL3A1 sur le chromosome 2).
Quelle est la prise en charge habituelle des patients atteints de SED vasc ? Le traitement médical est symptomatique. La prévention des complications repose sur l'éviction des sports violents, la contre-indication des artériographies, des endoscopies, des médicaments interférant avec les fonctions plaquettaires et de la coagulation. Tout acte invasif doit être réfléchi et n'être pratiqué qu'en cas d'absolue nécessité.
Un suivi de cinq ans
Quelle amélioration peut-on attendre sous céliprolol ? L'étude cherche à démontrer la diminution des accidents vasculaires sur la durée de suivi qui est de cinq ans, selon un essai contrôlé randomisé prospectif. Les investigateurs chercheront aussi à mettre en évidence la valeur pronostique de la contrainte pariétale, mesurée par échotracking de haute résolution, ainsi que l'amélioration de ce paramètre en réponse au céliprolol (exploration semestrielle ou annuelle à l'HEGP). Si l'on n'attend pas d'effet direct sur la qualité de vie, celle-ci sera évaluée au cours de l'étude.
L'exemple du syndrome de Marfan
Le choix de l'étude BBEST a été motivé à la fois par des données physiopathologiques du SED vasculaire et par les propriétés pharmacologiques du céliprolol.
Les investigateurs expliquent qu'un travail préliminaire sur une vingtaine de patients porteurs d'un SED vasculaire a montré qu'il existe un remodelage hypotrophique de la carotide primitive conduisant à une augmentation de la contrainte circonférentielle ; par ailleurs, dans le syndrome de Marfan, autre maladie génétique de la paroi artérielle, la pression pulsée de la carotide primitive conditionne la dilatation de l'aorte thoracique.
Toujours dans le syndrome de Marfan, il est démontré qu'un traitement bêtabloquant permet de ralentir la vitesse de dilatation de l'aorte ascendante et de retarder la survenue de la dissection aortique et de la rupture. « L'hypothèse d'une prévention de fatigue des biomatériaux par le traitement bêtabloquant est le plus souvent retenu pour expliquer ce résultat », indiquent les investigateurs.
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