Bien qu'il soit rare, avec une prévalence de 1 pour 16 000 à 50 000, le syndrome de Usher demeure la première cause de surdité associée à une cécité. Une des spécificités de cette affection autosomale récessive est que, décrite chez des Juifs ashkénazes la première fois et non spécifique de ce groupe ethnique, elle y a une fréquence toute particulière.
Après voir identifié un premier gène responsable de surdité, GJB2, dans cette population, une équipe américano-israélienne, Tamar Ben-Yosef et coll., vient de mettre en évidence un gène fondateur du syndrome de Usher de type 1, PCDH15.
Pour parvenir à cette identification, ces médecins ont enrôlé, tant en Amérique du Nord qu'en Israël, des patients atteints de l'affection. Ils ont identifié une mutation R245X sur le gène PCDH15. Elle semble être impliquée dans un grand nombre de cas parmi ces Ashkénazes. Les particularités de cette mutation suggèrent une origine unique pour l'allèle mutant. En outre, aucun sujet porteur de la mutation R245X n'a été découvert au sein de la population contrôle juive ou non. Ce qui confirme sa spécificité au sien des Ashkénazes. Enfin, la fréquence de la mutation était différente entre les sujets enrôlés aux Etats-Unis et en Israël (0,79 % contre 2,48 %), mais cet écart n'a pas de significativité statistique.
Dans 64 % des cas
Parmi tous les génomes de sujets atteints du syndrome de Usher de type 1, la mutation R245X a été mise en évidence dans 64 % des cas. Les auteurs ont découvert une autre mutation sur le gène PCDH15, M1853L, de façon hétérozygote, chez un patient sur 18. L'absence d'une grande famille, où plusieurs membres auraient porté cette mutation ne leur permet pas de l'impliquer de façon définitive.
L'incidence des surdités profondes congénitales est d'environ 5 pour 10 000, dans la population juive ashkénaze. Les mutations responsables du syndrome de Usher de type 1 (dont R245X) pourraient en expliquer jusqu'à 30 %.
L'intérêt de cette découverte réside dans le diagnostic précoce de l'affection. Dans cette forme complète de l'affection, les sujets atteints naissent avec une surdité congénitale. La rétinite pigmentaire, responsable de la cécité, ne se constitue que progressivement. En l'absence d'une forte suspicion clinique, un enfant atteint de surdité au stade prélingual, porteur du syndrome de type 1, peut n'être pas diagnostiqué. A titre d'exemple, les auteurs rapportent que, dans leur série, deux sujets apparemment atteints de surdité non syndromique étaient en réalité porteurs d'une mutation homozygote, et donc à risque élevé de rétinite.
Recherche de la mutation R245X
L'identification de la mutation R245X, avec la méthode de détection spécifique mise au point par l'équipe, permettra le diagnostic moléculaire de l'affection, le dépistage des porteurs et le conseil génétique. Les enfants ashkénazes atteints de surdité profonde prélinguale, non associée à la mutation GJB2 précédemment identifiée, devraient bénéficier d'une recherche de la mutation R245X. Elle permettrait de dépister chez eux la rétinite pigmentaire débutante et de les préparer à la perte progressive de la vision, qui, notamment, rend moins utile la langue des signes. Autre intérêt enfin, chez ces sujets au-delà des ressources des aides auditives conventionnelles, des implants cochléaires peuvent être proposés. Mais, dans la réhabilitation de l'audition (et du langage) après l'intervention, la lecture labiale prend une place primordiale. Grâce au dépistage précoce, ces procédures seront installées avant la perte de la vision. Les résultats en seront d'autant meilleurs.
« New England Journal of Medicine », vol. 348, n° 17, 24 avril 2003, pp. 1664-1670.
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