Le déficit d'activation spontanée des processus mentaux s'exprime dans tous les principaux domaines mentales : comportement, cognition, affectivité.
Quand on décrit la journée d'un patient atteint par le syndrome de perte d'autoactivation psychique, il y a toujours une inertie surprenante associée à l'indifférence pour l'entourage : le patient se lève et ne fait rien ; il reste dans son fauteuil ou sur le lit sans poser la moindre question ni exprimer le moindre souhait ; il n'a pas l'air triste ; il dit « Je ne pense à rien » ; c'est le vide mental, sans aucune pensée intérieure. Il peut avoir une réaction affective mais elle ne dure pas.
Parfois, des activités stéréotypées
On observe souvent, mais pas toujours, des activités stéréotypées (mouvements des doigts ou des mains, répétition de phrases) qui semblent pseudo-compulsives, comme s'il s'agissait d'une libération de l'activité motrice.
L'inertie, symptôme dominant, est à dissocier d'un certain nombre d'états comme le ralentissement dépressif, l'inertie frontale (qui n'est pas réversible en situation de stimulation), ou l'akinésie motrice.
Par ailleurs, on peut se poser la question de savoir si la perte d'activité psychique n'est pas un élément à rapprocher à certains comportements de névrose obsessionnelle, de la dépression et de la schizophrénie déficitaire.
Sur le plan neurologique, il s'agit le plus souvent d'une atteinte bipallidale parfois unilatérale, mais celle-ci n'est pas absolument nécessaire. Vraisemblablement, toute lésion des boucles striato-thalamo-frontales pourrait entraîner ce syndrome, observe le Dr B. Dubois. En ce qui concerne les étiologies des lésions du pallidum, citons les toxiques (monoxyde de carbone, cyanure de potassium, etc.), les causes traumatiques, les accidents cardio-vasculaires (hémorragie, infarctus).
Noyaux gris et cortex préfrontal : un partage des rôles ?
Selon B. Dubois, ce syndrome suggère que les noyaux gris centraux (NGC) ont probablement des fonctions non motrices dont l'organisation est dissociée de celle du contrôle moteur. On peut concevoir qu'il y a un partage des rôles entre les NGC et le cortex préfrontal : ce dernier est impliqué dans l'élaboration des programmes et les NGC pourraient le décharger d'un certain nombre de tâches pour libérer les sources attentionnelles qui peuvent alors être utilisées pour élaborer d'autres programmes.
Bref, les NGC pourraient intervenir très tôt pour l'automatisation des procédures. Lorsqu'une atteinte de pallidum ne permet plus d'entretenir l'effet de stimulation, l'individu ne possède plus la capacité d'entretenir l'activité mentale, ce qui s'est traduit par une impossibilité d'activer et de prolonger le traitement de l'information.
On sait que l'action d'un comportement peut être initiée ou auto-entretenue par une motivation interne ou une stimulation externe. Dans le syndrome de perte de l'autoactivation psychique, seule la deuxième situation est efficiente, du fait d'une trouble primaire d'énergisation et du maintien des programmes, selon l'hypothèse soutenue par le Dr B. Dubois.
D'après la communication du Dr Bruno Dubois (la Salpêtrière, Paris), à l'occasion de la 6e Journée annuelle du CNIF (collège de neurologie d'Ile-de-France).
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