Le syndrome de l'homme raide (Stiff-person syndrome ou Stiff-man syndrome) est un maladie rare du système nerveux central, caractérisée par une rigidité du tronc et de la portion proximale des membres, avec spasmes surajoutés intermittents.
Plus de 65 % des sujets atteints ne peuvent pas vaquer à leurs occupations quotidiennes en raison d'une rigidité étendue, d'une peur de tomber, de spasmes déclenchés par l'anxiété et de chutes fréquentes. Certains utilisent un déambulateur, voire un fauteuil roulant. D'autres sont cloués au lit par une rigidité sévère.
Actuellement, le traitement repose sur le diazepam, qui aide la plupart des patients. Toutefois, les doses requises sont parfois si hautes qu'elles ne peuvent être tolérées ; ce qui fait que bon nombre de patients sont laissées avec un grand handicap, ont besoin d'une canne ou d'un déambulateur et tombent souvent. D'où la nécessité de trouver un autre traitement.
Peut-être une origine auto-immune
La cause du syndrome de l'homme raide est inconnue mais on soupçonne une origine auto-immune, cela pour plusieurs raisons. Premièrement, il existe des anticorps circulants anti-GAD 65 (GAD : Glutamic Acid Decarboxylase), qui sont caractéristiques de la maladie ; ces anticorps sont produits au niveau intrathécal ; ils pourraient être pathognomoniques de la maladie car ils inhibent l'activité et perturbent la synthèse d'un neurotransmetteur, le GABA (acide gamma-aminobutyrique), d'où de faibles taux de GABA dans le cerveau et le liquide céphalo-rachidien (LCR). Deuxièmement, le syndrome de l'homme raide est souvent associé à d'autres désordres auto-immuns, à des autoanticorps et à certains phénotypes HLA-DR et DQ. Troisièmement, il y a des observations anecdotiques selon lesquelles la prednisone, la plasmaphérèse et les immunoglobulines ont entraîné une amélioration des troubles.
Toute cela a conduit l'équipe de Marinos Dalakas (Bethesda) a évaluer l'efficacité des immunoglobulines chez 16 patients ayant un syndrome de l'homme raide avec anticorps anti-GAD 65. Ces patients ont été répartis en deux groupes de 8. Les trois premiers mois, le premier groupe a reçu des immunoglobulines I. V. quotidiennes, l'autre recevant un placebo. Puis, après une période de wash-out, les groupes ont été inversés, le premier recevant le placebo et le second les immunoglobulines.
L'efficacité du traitement a été évalué sur deux scores :
- un score de rigidité, coté de 0 à 6, un point étant donné en cas de rigidité sur les zones suivantes : partie inférieure du tronc, partie supérieure du tronc, membres inférieurs, membres supérieurs, face et abdomen ;
- un score de spasmes, grâce à une échelle optimisée.
Amélioration de la rigidité et des spasmes
Chez les patients qui ont reçu en premier les immunoglobulines, on a observé une diminution des scores de la rigidité et des spasmes pendant le traitement par immunoglobulines, puis un rebond après passage à la phase placebo. En revanche, dans le groupe ayant commencé par le placebo, on a observé d'abord une stagnation de scores sous placebo, puis une diminution après passage aux immunoglobulines.
Onze patients ayant reçu des immunoglobulines ont pu marcher plus facilement et sans aide, sont tombés moins souvent et sont devenus capables d'accomplir les tâches ménagères ou leur travail. La durée du bénéfice des immunoglobulines a duré de six semaines à un an.
Enfin, le taux des anticorps anti-GAD 65 a diminué sous immunoglobulines mais pas sous placebo.
Soulignant que le traitement par immunoglobulines est cher, les auteurs concluent qu'il est bien toléré et efficace chez les personnes ayant un syndrome de l'homme raide avec anticorps anti-GAD 65.
« New England Journal of Medicine » du 27 décembre 2001, pp. 1870-1876.
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