«LE PARADOXE, c'est que, si de nombreux hommes souffrent d'un déficit en testostérone, il est difficile d'en faire le diagnostic car les signes cliniques sont le plus souvent aspécifiques», avertit le Pr Pierre Costa, chef de service d'urologie à Nîmes. Le syndrome de déficit en testostérone (SDT), appelé il y a peu de temps encore déficit androgénique lié à l'âge (DALA), est lié au vieillissement et à l'effet de maladies générales (diabète, sida, alcoolisme). «Il est assez facile de penser au SDT devant des troubles de la libido, une diminution de l'intensité de l'orgasme, un éjaculat de volume plus faible, mais çà l'est moins en cas de symptômes non sexuels, comme l'asthénie. On évoque en priorité un syndrome dépressif, le surmenage ou le stress», rapporte l'urologue.
Hormis l'effet anabolisant sur la masse musculaire, l'hormone mâle joue également un rôle sur le psychisme, les qualités d'éveil, de mémoire et de créativité. Un déficit en testostérone peut entraîner des troubles du caractère et de l'humeur : agressivité, irritabilité, perte de l'élan vital, baisse de combativité, état dépressif. Le sujet a des difficultés de concentration et peut avoir tendance à s'endormir après les repas. Noter que les différents signes cliniques apparaissent à des seuils de testostéronémie plus ou moins bas. Troubles de la libido, asthénie, prise de poids sont les premiers signes à se manifester. Viennent ensuite la dépression, les troubles du sommeil et les difficultés de concentration. Ce n'est enfin que pour des valeurs très basses de testostéronémie (≤ 2,3 ng/ml) qu'apparaissent les bouffées de chaleur et les troubles de l'érection. On remarque ainsi que si la baisse de la libido apparaît précocement et parfois pour des taux subnormaux, les troubles de l'érection sont des signes de déficit profond. En d'autres termes, pour ce qui est de la sexualité, la libido est très sensible à la testostéronémie, alors que l'érection l'est assez peu.
Confirmation par la biologie.
Le diagnostic de SDT doit être confirmé par la biologie. Si le dosage de la testostéronémie totale est un excellent examen de dépistage, ce n'est cependant pas le reflet de la testostéronémie utilisée par l'organisme. En effet, près de 60 % de l'hormone est inactivée par une protéine de transport, la SHBG, à laquelle elle se lie. La testostéronémie libre calculée est un meilleur indicateur. À l'aide d'une formule mathématique, elle est estimée d'après les dosages de testostéronémie totale, d'albuminémie et de SHBG. Elle ne peut être dosée directement que par quelques laboratoires très spécialisés, et ce dosage est réservé à la recherche. Quant à la testostéronémie biodisponible, sa mesure est une alternative pour ceux qui ne veulent pas calculer la testostéronémie libre. Elle n'est dosée que par quelques laboratoires en France, mais les tubes prélevés voyagent très bien.
Origine centrale ou périphérique.
Pour déterminer l'origine centrale ou périphérique, il est nécessaire de doser la LH. En cas d'origine testiculaire, l'augmentation du taux de LH est le témoin de la réaction hypophysaire. Il existe des facteurs de risque d'atteinte testiculaire : ectopie testiculaire, varicocèle opéré, cancer du testicule opéré. En cas d'origine hypophysaire, le taux de LH reste normal, voire bas. Il faut alors doser la prolactine afin de dépister une tumeur à prolactine.
Beaucoup d'inconnues persistent sur le métabolisme de la testostérone. Un taux anormalement bas de testostérone n'est pas toujours symptomatique. Actuellement, tant que l'effet bénéfique en prévention n'est pas prouvé, on ne traite pas un diagnostic biologique.
D'après une interview du Pr Pierre Costa, chef de service d'urologie-andrologie, CHU de Nîmes.
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