Jusqu'à présent, l'origine auto-immune du syndrome de Cogan n'avait été que suggérée. Une équipe italienne de l'université de Gênes, Claudio Lunardi et coll., vient de confirmer cette suspicion. Elle a mis en évidence la présence d'autoanticorps capables d'induire des dommages tissulaires sur l'épithélium sensoriel de l'oreille interne ainsi que sur les cellules endothéliales. Les détails en sont publiés dans le « Lancet ».
Un rappel de l'affection est ici nécessaire. Le syndrome de Cogan est une affection chronique, inflammatoire, multisystémique survenant chez l'enfant et l'adulte jeune. Ses principales caractéristiques cliniques sont une atteinte auditive (avec perte de l'audition) et vestibulaire (vertiges, ataxie, vomissements...), une kératite interstitielle (douleurs oculaires, photophobie, flou visuel). La symptomatologie otologique peut être simultanée ou précéder de 1 à 2 ans le déficit visuel. Chez un patient sur deux surviennent des manifestations générales telles que fièvre, perte de poids et une vascularite pouvant toucher l'aorte et tous les vaisseaux.
Le peptide DEP-1/CD148 autoantigène cible
Cette vascularite est impliquée dans de multiples troubles, notamment neurologiques centraux et périphériques.
Les travaux italiens montrent que le peptide DEP-1/CD148 est l'antigène pathogénétiquement déterminé. Ce peptide est impliqué dans les mécanismes de différenciation et d'inhibition de contact de la croissance cellulaire. Il s'agit d'un antigène de surface cellulaire largement répandu dans l'organisme, notamment dans l'endothélium vasculaire, l'épithélium de l'oreille interne, les nerfs et les cellules gliales. Cette ubiquité explique le vaste spectre clinique de la maladie.
Chez les sujets atteints, des autoanticorps contre le DEP-1/CD148 peuvent induire une réduction considérable de la prolifération cellulaire. Il est connu aussi que cet anticorps est capable de transférer la maladie à l'animal. Un lapin immunisé avec un peptide dérivé du DEP-1/CD148 développe une perte d'audition et un kératite interstitielle avec glaucome.
Des anticorps purifiés contre le peptide reconnaissent non seulement le DEP-1/CD148, mais aussi une protéine, la connexine 26, présente dans l'épithélium neurosensoriel de l'oreille interne. La perte de cette protéine conduit à une atteinte de l'organe de Corti avec surdité. Cette connexine 26, enfin, montre des analogies avec les connexines 43 et 50, présentes dans dans les fibroblastes et l'épithélium cornéens. Une homologie pouvant expliquer l'atteinte oculaire du syndrome de Cogan.
Les anticorps contre le DEP-1/CD148, enfin, montrent une réaction croisée avec une protéine de structure du réovirus de type III. Ceci suggère une participation virale dans la maladie et pourrait expliquer la fréquence des infections respiratoires qui précèdent le début du syndrome.
« Lancet », vol. 360, 21 septembre 2002, pp. 915-921.
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