D'un côté, comme le rappellent les auteurs, plusieurs cas d'hépatites ischémiques ont été rapportées au cours du syndrome d'apnée du sommeil (SAS). De l'autre, 80 % des malades ayant un SAS sont en surpoids et, pour cette raison, peuvent avoir une stéatohépatite. Il était donc légitime de rechercher et d'étudier une atteinte hépatique chez des patients ayant un SAS. C'est ce qu'a fait une équipe de Saint-Antoine (F. Tanne et coll.*)
Dans ce travail, 205 patients ont eu un enregistrement du sommeil pour suspicion de SAS. Divers paramètres cliniques et biologiques ont été recueillis. Ont été exclus de l'étude les malades ayant une insuffisance cardiaque, une BPCO ou une hépatite virale. Une PBH a été proposée aux malades ayant au moins une anomalie des tests hépatiques.
Index d'apnée/hypopnée
Un SAS, défini par un index d'apnée/hypopnée (IAH) supérieur à 10/heure était présent chez 164 des 205 sujets. Les facteurs de risque étaient l'âge, le sexe masculin, l'IMC (indice de masse corporelle) et la consommation d'alcool.
Les activités des ALAT, de la GGT et de l'aGST étaient significativement plus élevées chez les patients ayant un SAS que chez les autres.
Une anomalie des tests hépatiques était présente chez 39 des 205 sujets : 12 % des patients ayant un IAH inférieur à 10, 13 % de ceux qui avaient un IAH compris entre 10 et 50 et 34 % des patients ayant un IAH supérieur à 50.
Les paramètres associés de façon significative à une anomalie des tests hépatiques étaient le sexe masculin, l'âge, l'IMC, une hypertriglycéridémie et l'IAH.
En analyse multivariée, indiquent les auteurs, les paramètres indépendants étaient un IMC > 30 et un IAH> 50.
Stéatohépatite
« Chez 13 malades ayant eu une PBH, l'examen histopathologique a montré un foie normal chez 2 malades, une stéatose pure chez 2, des lésions de stéatohépatite chez 9, associés à une fibrose péricellulaire ou périportale chez 5 d'entre eux. Parmi les facteurs de risque, seule l'IAH était associée de façon significative à l'existence d'une fibrose (p = 0,05). »
« Cette étude, concluent les auteurs, montre que, chez les malades ayant un SAS :
1) la prévalence des anomalies des tests hépatiques est significativement plus élevée par rapport aux témoins, en particulier chez ceux ayant un SAS sévère ; 2) l'IMC et l'IAH sont les deux facteurs de risque indépendant d'anomalie des tests hépatiques ; 3) les lésions de stéatohépatite sont fréquentes ; 4) la sévérité de la fibrose dépend essentiellement de l'IAH. Ces résultats suggèrent que le SAS pourrait majorer les lésions de stéatohépatite chez le sujet obèse. »
Travail présenté aux 51es Journées scientifiques de l'Association française pour l'étude du foie (AFEF) et publié dans « Gastroenterol Clin Biol », 2002, 26, p. 759.
*F. Tanne, L. Serfaty, F. Gagnadoux, B. Fleury, O. Chazouillère, B. Lebeau, R. Poupon.
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