Variations sur le fantastique
AUTEUR AMÉRICAIN à succès, Dean Koontz a créé, avec Odd Thomas, un personnage très attachant. En apparence, Odd Thomas, un jeune homme de 20 ans qui travaille dans un grill d'une petite ville de l'Amérique profonde aux confins du désert et qui est sur le point de se marier avec une ravissante jeune fille, est tout ce qu'il y a de banal. Or, si le roman s'intitule «l'Etrange Odd Thomas» (1) – alors que Odd signifie déjà étrange ! –, c'est parce que le garçon est pourvu d'un don hors du commun : les morts communiquent avec lui. Il les voit, les aide parfois à leur faire justice pour que ces âmes en peine partent enfin vers l'au-delà et, parfois, ils l'avertissent quand une vie est sur le point d'être prise. Mais lorsqu'un étranger – qu'il appelle M. Champignon – débarque à Pico Mundo, accompagné d'une horde de créatures d'ombre, celles qui annoncent la mort, commence pour Odd Thomas une course contre la montre pour empêcher le drame qu'il pressent et qui devrait faire de très nombreuses victimes. Entre humour et horreur et avec beaucoup de suspense, ce récit à la frontière de deux mondes est une tragi-comédie parfaitement réussie.
Reprenant à son compte le thème de l'amour et du désir éternels, Elizabeth Hand, auteure américaine appréciée outre-Atlantique, a conçu dans «l'Ensorceleuse» (2) une intrigue qui traverse plusieurs décennies, où chaque fois une femme d'une beauté saisissante séduit un artiste jusqu'à la folie. Mettant en scène des personnages imaginaires ou des figures connues comme le peintre Rossetti et le poète Swinburne, elle a construit une sorte de fable gothique entre mystère et érotisme pour mieux questionner les affres de la création.
Retour en France avec Guillaume Musso, un tout jeune auteur dont les trois premiers romans – « Et après... », « Sauve-moi », « Seras-tu là ? » – sont traduits dans vingt-deux langues. Dans la même veine du suspense-sentimental-fantastique, il publie «Parce que je t'aime» (3), centré autour de la disparition mystérieuse, dans un centre commercial de Los Angeles, d'une petite fille de 5 ans. Incapables de faire face ensemble à leur douleur, les parents finissent par se séparer. Or l'enfant est retrouvée cinq ans plus tard exactement à l'endroit où elle avait disparu. Elle est vivante, mais reste plongée dans un étrange mutisme. Une intrigue mystérieuse qui permet à l'auteur d'aborder le thème de la résilience.
Peut-être suivez-vous le feuilleton de l'été de TF1 ; voici le livre qui l'a inspiré, «Mystère» (4), écrit par Franck Ollivier et Malina Detcheva, également scénaristes de la saga télévisée. Dans ce thriller aux frontières du réel, une jeune femme, retournée en Provence sur les traces de son passé, après que ses proches ont disparu mystérieusement les uns après les autres, est attirée par des symboles d'origine inconnue qui se dessinent dans les champs.
«Les Canons de la liberté» (5) est le huitième et avant-dernier volet de la série « le Cercle de pierre », une variation exceptionnelle imaginée par Diana Gabaldon sur le thème du voyage dans le temps qui met en scène un highlander du XVIIIe siècle et une Britannique du XXe siècle. En 1775, Claire et Jamie se sont établis dans le Nouveau Monde ; la guerre d'Indépendance américaine a commencé, avec son lot de luttes fratricides, ses règlements de compte et ses perfidies. Leur seule lueur d'espoir pour échapper à cette violence est d'atteindre, sur une île au large de la Caroline, une autre porte de pierre, grâce à laquelle ils pourraient fuir une nouvelle fois vers le futur.
Passionné de littérature populaire – en même temps que musicien de jazz et auteur précédemment du « Testament de Sherlock Holmes » –, Bob Garcia renoue avec la grande tradition du roman-feuilleton et nous invite à une traversée sanglante de «la Ville monstre» (6). Cette ville, c'est Londinos, le premier nom de Londres, nom gravé sur un couteau forgé à l'aube des temps et qui, transmis de siècle en siècle, est devenu l'instrument d'horribles crimes. Faisant feu de tout bois, l'auteur mêle personnages imaginaires et réels, rendant plus crédibles encore ces faits divers sanglants.
La Bretagne, on le sait, est une terre empreinte de magie et de surnaturel. Aujourd'hui peut-être moins qu'hier, si l'on en croit Bernard Simonay et sa «Louve de Cornouaille» (7), qui nous reporte vers l'an 1070 dans la région de Kemper (Quimper), où des bandes incontrôlées hantent le pays, guidées par un cavalier appelé le Chevaucheur de la Mort, qui serait le spectre d'un chevalier autrefois fameux et qui aurait vendu son âme au diable. On parle aussi d'un être terrifiant, mi-homme, mi-loup, qui dévaste la région. La prophétie dit enfin que seule une jeune fille pourrait tuer le démon. Serait-ce la jeune Sterenn, qui, pour venger la mort de son mari, n'a qu'un seul objectif, devenir chevalier elle-même ?
(1) Editions JC Lattès, 430 p., 22 euros.
(2) Editions Denoël, 412 p., 22 euros.
(3) XO Editions, 297 p., 19,90 euros.
(4) TF1 Editions, 319 p., 16,90 euros.
(5) Editions Presses de la Cité, 692 p., 23 euros.
(6) Editions du Rocher, 314 p., 19 euros.
(7) Editions Presses de la Cité, 544 p., 20 euros.
Un psychiatre, héraut du fantastique russe
Si par malchance vous êtes passés à côté de « Night Watch. Les Sentinelles de la nuit », vous avez droit au rattrapage avec «Day Watch. Les Sentinelles du jour», le deuxième volet de la trilogie du maître du fantastique russe, Sergueï Loukianenko. Médecin psychiatre de formation, il est l'auteur de plus d'une vingtaine de romans et de nombreux récits et nouvelles, très apprécié dans son pays et récompensé par de nombreux prix littéraires de science-fiction.
Imaginez : arpentant les rues de Moscou, indistincts du reste de la population, les Autres. Des magiciens capables d'entrer dans la pénombre, une zone crépusculaire parallèle à la nôtre. Chacun d'eux a fait allégeance à la Lumière ou à l'Obscurité. Mêlant les ingrédients du fantastique, du polar et de la SF, Sergueï Loukianenko, secondé pour ce volume par son confrère Vladimir Vassiliev, nous fait comprendre ici pourquoi le combat entre le Bien et le Mal est si complexe.
Editions Albin Michel, 453 p., 18,50 euros.
Polars « historiques »
ÉCRIT SOUS le pseudonyme de Jean-Michel Sakka, « A la poursuite de l'arche sacrée» (1) a pour thème la poursuite du secret de l'immortalité qui aurait été donné, a révélé le dalaï-lama avant de mourir assassiné, par un « dieu surpassant tous les dieux » ; le pharaon Toutankhamon en serait, du fond de sa tombe, le gardien. Un généticien français mène l'enquête, qui le conduit aux confins de l'Egypte et du Soudan où il découvre l'Arche de lumière. Mais pour certains, révéler l'existence de ce dieu suprême constitue une menace inacceptable, surtoutj en terre d'islam…
Autre thriller historico-religieux, «la Lance de la destinée» (2), d'Arnaud Delalande, a pour point de départ l'assassinat de toute une équipe d'archéologues envoyés à Meggido chercher la lance qui a servi au légionnaire romain Longinus pour achever le Christ sur le tertre du Golgotha. Une jeune femme, conseillère spéciale auprès du Saint-Siège, est chargée d'enquêter sur cette tragédie et de retrouver la relique qui a disparu. Derrière ce carnage se cache une organisation secrète dont le projet avoué est de recréer l'ADN du Christ, puis de procéder à une insémination artificielle…
Par deux aussi vont les polars maçonniques.
Signé Alain Bauer, criminologue qui a été Grand Maître du Grand Orient de France, et Roger Dachez, médecin et président de l'Institut maçonnique de France, «les Mystères de Channel Row» (3) inaugurent une série « crimes et loges ». On découvre ici comment est née la franc-maçonnerie sur fond d'enquête policière. A Londres, en juin 1717, le révérend Jean-Théophile Désaguliers, physicien proche de Newton et de la famille royale, devient le Grand Maître de la première Grande Loge. L'enquête qu'il mène avec la police, lorsque ses compagnons sont mystérieusement assassinés, le conduit dans les bas-fonds de la ville, sur les traces d'un certain Samuel Prichard, un vaurien aux origines douteuses. Il y découvrira un incroyable secret…
«le Frère de sang» (4) est déjà le troisième opus des aventures du commissaire Marcas, imaginées par Eric Giacometti, journaliste, et Jacques Ravenne, franc-maçon, après « le Rituel de l'ombre » et « Conjuration Casanova ». Le roman a pour thème une course contre la montre entre le policier et le meurtrier d'un frère pour mettre la main sur le fabuleux secret de Nicolas Flamel, l'alchimiste qui a découvert la pierre philosophale, capable selon la légende de transmuter le plomb en or et de révéler la clé de toute chose…
Le tome III des « Enquêtes de Festus », «le Rire des Luperques» (5), est aussi noir que « le Complot des Parthiques » et « le Prix des chiens ». Bertrand Lançon nous ramène dans la Rome du IVe siècle de notre ère, alors qu'une série d'assassinats décime la vieille confrérie des Luperques, les compagnons-boucs de la religion romaine. Une enquête riche de coups de théâtre et de pittoresque qui nous dévoile les côtés les plus secrets de la société d'alors…
Changement de décor avec «Monestarium» (6), de l'une des « reines du crime » françaises, Andrea H. Japp – toxicologue de formation et auteur aussi, entre autres, de la trilogie de « la Dame sans terre ». L'action de ce nouveau roman se déroule d'ailleurs à la même époque, en 1307 : après qu'on a découvert une jeune moniale étranglée, la mère abbesse de Clairets mène l'enquête. D'autres meurtres surviennent, la clé de l'énigme résiderait dans une peinture…
(1) Editions Plon, 310 p., 18,50 euros.
(2) Editions Robert Laffont, 298 p., 20 euros.
(3) Editions JC Lattès, 322 p., 16,50 euros.
(4) Editions Fleuve Noir, 440 p., 19 euros.
(5) Alvik Editions, 255 p., 18 euros.
(6) Editions Calmann-Lévy, 354 p., 20,90 euros.
Une enquête du poète
Après « la Conjuration du Troisième Ciel », «la Conspiration des miroirs» est le deuxième volet des aventures de Dante Alighieri, contées par Giulio Leoni.
Il nous entraîne, avec le poète de « la Divine Comédie », dans la Florence splendide et dépravée du XIVe siècle, lorsqu'un bateau de guerre a mystérieusement échoué sur la rive de l'Arno. A son bord, les marins semblent pétrifiés. Dans la cabine du capitaine, trois Sarrasins, à l'évidence empoisonnés. A leurs pieds, un engin mécanique en morceaux. La science humaniste de la Renaissance qui mêle astrologie, chimie, mécanique et mathématiques, ainsi que la cité toscane peuplée d'hommes de lettres, de médecins et de savants, enrichissent l'intrigue autant que l'ingénieuse mise en scène de ce polar historique et littéraire qui a pour thème un complot impliquant les plus grandes figures du pouvoir florentin et pour enjeu une découverte scientifique qui changera le monde.
Editions Belfond, 280 p., 19 euros.
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