« ET SI L'AVENIR de l'humanité dépendait du secret de son origine ? », questionne Gilles Haumont dans «l'Origine du mal» (1), un premier roman bien ficelé qui se déroule dans le milieu scientifique autour de la génétique. L'histoire se situe demain, après que la population du continent nord-américain a été exterminée en quelques jours par un virus issu d'une manipulation accidentelle. Ce qui intéresse l'auteur – qui est passé par Sciences- po puis une école de commerce – est de mettre en scène l'International Genetic Agency (INGEN), l'instance supranationale censée contrôler toutes les recherches génétiques, une organisation élitaire qui ne recrute que la crème des chercheurs mondiaux. Le héros est ainsi un jeune prodige français, déçu d'être affecté auprès de l'un des directeurs de l'INGEN qui paraît s'intéresser davantage à l'alchimie, la Kabbale et l'histoire des religions qu'à la recherche pure, et qui sera confronté à une série de meurtres avant d'être lui-même menacé – et de tomber amoureux.
Un vrai thriller, donc, dans lequel Gilles Haumont met en scène les répercussions philosophiques, voire mystiques du grand débat sur l'évolution humaine…
Plus terre à terre, le duo Pierre Frot et Claudine Jouannelle s'appuie l'un sur sa profession de consultant en management dans le secteur pharmaceutique, l'autre sur son travail dans le domaine de la santé publique (seuls renseignements que l'on connaît), pour tisser dans «Blockbuster» (2) une intrigue de guerres économiques, d'espionnage industriel et de manipulations dans l'industrie pharmaceutique.
Après plusieurs décès d'hommes d'âges, de milieux et de pays différents, mais qui ont tous ingurgité un médicament contre les pannes d'érection, une étudiante en médecine et son ami journaliste se transforment en enquêteurs amateurs pour déterminer s'il s'agit de banals accidents, d'effets secondaires ou de meurtres déguisés. À leurs risques et périls…
Une biologiste assassinée.
Autre exemple d'écriture à quatre mains, «Mortelle éternité» (3) est signé Denis Marquet, agrégé de philosophie qui, après un détour dans des groupes de rock, a ouvert un cabinet de « philosophe thérapeute » et écrit « Colère » en 2001, et Elisabeth Barrière, cinéaste.
Doublé d'une histoire d'amour, ce thriller, qui se déroule à New York, nous entraîne aux confins de la psychose et du paranormal. Le héros est un flic aux méthodes limites mais à l'efficacité redoutable, qui, chargé d'enquêter sur l'assassinat d'une brillante biologiste, est obsédé par la morte au point d'être convaincu que la victime elle-même le guide depuis l'au-delà pour découvrir ses meurtriers. Une piste qui le conduira vers une élégante clinique spécialisée dans le traitement des maladies génétiques rares, dont le directeur s'occupe aussi d'une fondation humanitaire à Juarez, à la frontière mexicaine, où nombre de personnes ont mystérieusement disparu.
Jérôme Bucy a plusieurs cordes à son arc, puisqu'il est docteur vétérinaire, diplômé en psychiatrie et titulaire d'une licence d'histoire. Pour «la Chambre d'ambre» (4), il s'appuie sur ces deux derniers atouts et construit un thriller assez déroutant avec certes une intrigue, des meurtres et une course-poursuite avec des policiers mais aussi une bonne part de psychologie et un goût certain pour un rythme lent et les descriptions.
Le récit se situe en Pologne, après que plusieurs meurtres ont été perpétrés à Gdansk. Les corps présentent les mêmes atroces mutilations que celles qui sont décrites par une jeune fille internée depuis dix ans, après que son père, un historien versé dans l'histoire de l'ambre, a été tué dans l'incendie qui a détruit leur maison. Appelé à la rescousse par la belle psychiatre polonaise, un spécialiste en analyse des rêves tente de savoir ce qui s'est passé le jour de l'incendie. Parmi les pistes, celle de « la chambre d'ambre », un chef-d'oeuvre ayant appartenu à Catherine II de Russie et disparu, semble la plus probable. C'est oublier que le narrateur possède un passif aussi lourd que la jeune malade et qu'il est prêt à basculer dans la même folie.
Créatures maléfiques.
Le thriller fantastique a des adeptes, entretenu par Preston & Child, qui ont publié ensemble dix romans, tandis que la relève est assurée via le premier roman de Joe Hill. Douze ans après « Relic », leur premier ouvrage en tandem (qui a été adapté au cinéma et est aujourd'hui réédité), Douglas Preston et Lincoln Child continuent d'illustrer la lutte du bien contre le mal en relatant l'éternel combat de l'inspecteur Aloysius Pendergast contre son frère Diogène. «le Livre des trépassés» (5) a pour cadre le Muséum d'histoire naturelle de New York, où l'on s'apprête à rouvrir le sarcophage de la momie égyptienne de Senef, scellé depuis sept décennies. Mais plusieurs employés sombrent dans la folie, assassinant tour à tour leurs collègues et, le soir de la présentation au public, les personnalités sont enfermées dans la salle de la momie et obligées de s'entre-tuer. S'agit-il d'une malédiction ou d'un plan machiavélique ?
Coup d'essai et coup de maître en son pays pour le jeune Américain Joe Hill, «le Costumedu mort» (6) met en scène la fuite éperdue d'une rock star déchue, après avoir acquis, par le biais d'Internet, le costume prétendument hanté par l'esprit de son ancien propriétaire. Ce qui ne devait être qu'une relique de mauvais goût, un fantôme pour rire, se révèle une créature assoiffée de vengeance qui tient dans sa main décharnée une lame de rasoir pendue au bout d'une chaîne. Pour l'idole vieillissante, plus qu'une course effrénée contre la mort, commence une quête douloureuse, inconsciente, vers un certain absolu.
(1) Éditions Anne Carrière, 461 p., 22 euros.
(2) Éditions Odile Jacob, 443 p., 21 euros.
(3) Éditions Albin Michel, 360 p., 20 euros.
(4) Éditions Belfond, 286 p., 19 euros.
(5) Éditions l'Archipel, 496 p., 23,95 euros.
(6) Éditions J.-C. Lattès, 424 p., 22 euros.
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