LA LEISHMANIOSE viscérale (connue aussi dans certaines régions sous le nom de kala-azar) est la plus sévère des leishmanioses. Due à un protozoaire flagellé transmis par la piqûre d’un minuscule insecte nocturne, le phlébotome, elle touche 500 000 personnes chaque année dans le monde, les chiens constituant un réservoir du parasite. La France n’est pas indemne, avec, en métropole, 118 cas autochtones recensés par le Centre national de référence (faculté de médecine, Montpellier) pour la période 1999-2003, dont 40 % chez des sujets coïnfectés par le VIH et 22 % chez des moins de 6 ans. On constate une augmentation dans le sud de la France, comme dans les autres pays du sud de l’Europe.
Trente pour cent des cas sont originaires des Alpes-Maritimes, l’une des zones d’enzootie de leishmaniose canine les plus importantes de France. La leishmaniose viscérale y est connue depuis 1918. De cette date jusqu’en 1975, environ 250 cas humains, majoritairement pédiatriques, ont été enregistrés. Dans le « BEH » de cette semaine (17/2006), une étude rétrospective (CHU de Nice et centre de référence des Leishmania) recense 178 cas autochtones diagnostiqués entre 1975 et 2004, dont 52 pédiatriques.
La moyenne d’âge au moment du diagnostic est de 3 ans, les trois quarts des enfants sont âgés au plus de 4 ans. Contrairement à ce qui est observé dans les formes de l’adulte, la classique triade clinique associant fièvre, pâleur et splénomégalie est présente dans tous les cas. La splénomégalie fébrile évoluant depuis une semaine à un mois constitue l’unique motif d’hospitalisation. Une hépatomégalie associée à la splénomégalie est présente dans un cas sur deux. L’hémogramme révèle une tricytopénie (leuconeutropénie, anémie et thrombopénie) dans 90 % des cas. Le diagnostic de certitude est toujours réalisé par la mise en évidence du parasite dans la moelle osseuse.
Porteurs asymptomatiques.
Entre 1975 et 1994, 26 enfants ont pu être traités avec succès selon le schéma recommandé par l’OMS, à base d’antimoniate de méglumine (Glucantime) ; un seul cas de résistance clinique a été observé. Deux enfants ont été traités par des associations (Glucantime-Lomidine ou Glucantime-Pentacarinat). Depuis 1994, des progrès considérables ont été réalisés grâce à l’utilisation de l’amphotéricine B liposomale (Ambisome), qui a permis de soigner 23 enfants dans de meilleures conditions de confort et d’efficacité. On peut regretter, disent les auteurs, le coût élevé du produit, mais il est compensé par la réduction du nombre de journées d’hospitalisation.
Dans le département comme dans tout le sud de la France et les pays de la rive nord de la Méditerranée, la leishmaniose est exclusivement due à Leishmania infantum. Le chien en est le réservoir et la principale victime. Mais on trouve chez l’homme, selon les localités, de 5 à 35 % de porteurs asymptomatiques ; et 21 % des donneurs de sang séropositifs vis-à-vis de l’antigène Leishmania ont une hémoculture positive. Les jeunes enfants et les adultes immunodéprimés, contaminés exclusivement à la belle saison, peuvent développer, après un temps d’incubation très variable, une forme cutanée pouvant passer inaperçue ou une forme viscérale sans traitement. De toutes ces données, les auteurs concluent à la nécessité de lutter contre les phlébotomes au voisinage des chiens parasités par l’utilisation d’insecticides dans les gîtes de reproduction. Cela permettrait de diminuer la proportion d’humains porteurs asymptomatiques de Leishmania infantum, parasite opportuniste à part entière.
Sur le site du « Quotidien », www.quotimed.com, d’autres articles sur la leishmaniose et, notamment, sur le vaccin testé avec succès chez le chien, l’an dernier (rubrique Rechercher, « leishmaniose et chien »).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature