QU'ELLE SOIT d'origine diffuse, c'est-à-dire dans les urines et les fèces de la population humaine et animale, ou d'origine ponctuelle, dans les rejets de l'industrie chimique et pharmaceutique et dans ceux des établissements de soins et d'élevage, la présence de résidus de substances médicamenteuses dans les eaux préoccupe l'Académie nationale de pharmacie. Largement établie par la littérature, avec des concentrations qui varient du nanogramme par litre dans les eaux superficielles jusqu'au microgramme, voire plusieurs centaines de microgrammes, dans les eaux destinées à la consommation humaine, cette contamination entraîne des risques insuffisamment évalués.
Le rapport note que des traces de substances médicamenteuses appartenant à une quarantaine de classes thérapeutiques ont été détectées dans les eaux superficielles à la sortie des stations d'épuration, en France comme sur tous les continents. Démonstration a été faite que leur taux de destruction dans les boues des eaux résiduaires des stations d'assainissement variait sensiblement selon les classes thérapeutiques et les substances : de 30 à 90 %. Présentes dans les boues, ces substances peuvent encore être nocives : elles sont transférées à l'homme après épandage sur les sols par l'intermédiaire des plantes alimentaires ou des animaux d'élevage.
Si la réglementation européenne en vigueur prend en considération l'impact environnemental dans les AMM (autorisation de mise sur le marché), l'académie déplore qu'elle n'intègre pas toutes les conséquences écologiques, notamment à long terme, des rejets de médicaments et de leurs métabolites.
Recommandations.
D'où les trois recommandations édictées pour des pratiques écologiquement vertueuses :
– limiter au minimum les rejets en optimisant la fabrication et la collecte, ainsi que la destruction des médicaments (recours à des technologies « propres »), procédures de certification environnementale, usage mieux contrôlé dans le cadre familial comme dans les établissements de soins et les élevages) ;
– mieux évaluer les risques avec la prise en compte des impacts environnementaux dans les AMM, le développement de programmes de recherche fondamentale sur les risques pour l'homme de très faibles doses dans les eaux et les denrées, végétales et animales ;
– développer les actions de formation et d'éducation, en particulier auprès des étudiants qui se destinent à la chimie pharmaceutique et, plus généralement, de tous ceux qui se préparent à exercer une profession de santé. Le pharmacien d'officine est appelé, quant à lui, à sensibiliser et à éduquer le public, pour bannir une surconsommation qui ne pourrait qu'aggraver la situation. Plus que jamais, non nocere.
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