L'hiver, les grands-mères qui s'emmitouflent en sortant de chez elles ont raison. Cette précaution, venue du fond des temps, vient de trouver son fondement grâce à l'épidémiologie.
Le mérite en revient à deux médecins londoniens, GC Donaldson et WR Keatinge, qui publient le résultats de leurs observations et de leurs calculs dans le « British Medical Journal ». Ils cherchaient, en fait, à savoir si les excès de mortalité enregistrés au cours de la saison froide sont en relation avec la grippe. Ils rappellent que le temps froid cause à lui seul, une augmentation brutale, à court terme, de la mortalité essentiellement d'origine thrombotique ou respiratoire.
L'analyse a été menée, sur le principe de la régression multiple, à partir des données du Sud-Est de l'Angleterre, utilisant le recueil journalier des décès survenus entre 1970 et 1999.
Le total des décès annuels en excès a été défini comme la somme des mortalités quotidiennes dues au froid. L'excès de décès (par million de personnes) est obtenu par différence entre le nombre de décès survenant en dessous de la température (dans une bande de 3° C) à laquelle la mortalité est la plus basse et la mortalité dans cette même bande. La limite inférieure moyenne de cette bande est 19 C.
Si la mortalité a augmenté sévèrement lors de quelques épidémies, même au cours de la pire, celle de 1976, seuls 143 décès par million d'habitants ont été attribués au virus grippal. Cette année-là, la totalité des décès rapportés au virus a été de 729 par million, soit moins de la moitié de la mortalité en excès due à l'hiver (2308 par million).
Enfin, au cours des 10 dernières années, sur les 1265 décès hivernaux en excès par million d'habitants, 2,4 % étaient dus directement ou indirectement au virus grippal. « Avec des grippes responsables d'une si faible proportion d'excès de décès hivernaux, des mesures pour réduire l'agression par le froid offre les meilleures chances de réduire le niveau actuel de mortalité hivernale. Chauffer les maisons est important, mais peut co-exister avec cette surmortalité et l'agression du froid extérieur est associé de façon indépendante à l'excès de mortalité hivernale. Des campagnes pour réduire l'exposition au froid à l'extérieur fournissent un thème évident pour une future action de prévention » concluent les auteurs.
« British Medical Journal », vol 324, 12 janvier 2002, pp. 89-90
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