EN MATIÈRE d'obésité, la Cnam donne une mauvaise nouvelle et une bonne nouvelle en publiant simultanément deux études. La mauvaise nouvelle, c'est « l'accélération brutale » de ce problème de santé publique ces dernières années puisque « 10,2 % de la population française âgée de 20 à 64 ans est obèse », avec de fortes disparités géographiques, d'après l'enquête décennale santé réalisée par l'Insee en 2002-2003. Chez les hommes, la Cnam note que la proportion d'obèses « a atteint 10,1 % en 2003 », après avoir été stable, autour de 6,5 %, entre 1980 et 1991. Pour les femmes, le taux d'obésité a progressé de 6,3 % en 1980, à 7,3 % en 1991, pour atteindre 10,5 % en 2003. En outre, « près de 12 % des moins de 18 ans présentent une obésité, soit plus de 1,5 million et 13 % des enfants de 4 à 16 ans », ajoute la caisse nationale. Cette première de la Cnam évalue la consommation médicale par rapport à la corpulence : chez les obèses et à âge comparable, elle serait « supérieure de 27 % à celle des personnes de poids normal et de 39 % pour la pharmacie ».
En revanche, la Cnam constate que « les dépenses de soins de ville des enfants obèses sont égales à celles des enfants de poids normal » et que 4,4 % d'entre eux seraient même privés de soins de ville sur une année complète (contre 3,4 % en moyenne pour les enfants de poids normal). D'où la nécessité « d'approfondir l'étude de la surveillance médicale de ces enfants », souligne la Cnam.
La caisse nationale publie une seconde étude sur le suivi des patients un an après un acte de chirurgie digestive pour obésité sévère et morbide. Depuis l'apparition de la technique de pose d'anneaux gastriques en 1994, le nombre de ces actes est passé de 2 000 en 1995 à 16 000 en 2002, puis à 10 000 en 2003.
Résultats positifs.
Dans le second volet de l'enquête de la Cnam sur la chirurgie de l'obésité, la caisse a exploité les réponses aux questionnaires remplis par 1 082 patients (soit 87 % d'un échantillon de 1 236 patients) opérés en décembre 2002 et janvier 2003 dans des établissements différents. Ces patients ont eu la pose d'un anneau de gastroplastie ajustable dans 87 % des cas, ont subi une gastroplastie verticale calibrée (GVC Mason à 8,6 %), ou ont été opérés par Gastric by pass (3,8 %), voire par dérivation bilio-pancréatique (3 cas pour 1 000).
Parmi les résultats positifs un an après, la Cnam note que « la perte de poids est de 26 kg en moyenne » (44 kg en moyenne avec la technique Gastric by pass), avec une « diminution de la surcharge pondérale de 45 % en moyenne ». De plus, « les pathologies concernant les appareils respiratoires, cardio-vasculaires, locomoteurs et les troubles métaboliques (diabète, hyperlipidémie) ont été améliorées dans 60 à 80 % des cas », selon les techniques utilisées.
En termes de coûts moyens, la Cnam note que la facture des dépenses d'assurance-maladie passe en moyenne de « 2 471 euros » pendant les six mois précédant l'intervention à « 1 975 euros » six mois après, du fait de la diminution des frais d'hospitalisation. Les coûts moyens des patients opérés par Gastric by pass augmentent, eux, « de 3 949 à 7 450 euros », compte tenu de la fréquence des réinterventions.
Les réponses aux questionnaires montrent par ailleurs que « 97 % des patients ont revu leur chirurgien » (cinq fois en moyenne depuis l'intervention initiale). L'étude apporte cependant un bémol en termes de suivi médical pluridisciplinaire (diététicien, psychologue, etc.) : seulement « 4 % » des patients en ont bénéficié malgré les recommandations.
Enfin, la Cnam recense « 57,7 % des patients » présentant des effets secondaires de leur opération (70 % pour les patients opérés par GVC [Mason] et par Gastric by pass) et « 23,5 %, des complications », tandis que 35,7 % « n'ont aucun de ces deux problèmes ». « 6,8 % des patients ont subi une réintervention digestive », précise l'étude, le plus souvent en raison des complications.
La Cnam se garde de comparer qualitativement les différentes techniques car les patients impliqués n'ont pas des IMC homogènes. En revanche, la fréquence des effets secondaires et des complications incite la Cnam à souligner la nécessité d' « un cahier des charges national » de la pratique de la chirurgie bariatrique, afin de favoriser « un nombre plus réduit d'équipes, avec un environnement technique et des moyens humains adaptés, s'engageant sur une activité minimale annuelle, le respect des recommandations, un suivi organisé et offrant le choix des différentes techniques aux patients ».
Pour en savoir plus : www.ameli.fr
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