«NOUS AVONS des classements pour nous aider à trouver un cinéma, un restaurant et un hôtel, mais rien de comparable pour nous aider à évaluer médecins, hôpitaux et traitements, s'insurge Steve Case dans le mot de bienvenue en ligne sur le site qu'il vient de lancer ; nous désirons changer ça, et, avec votre aide, nous le ferons.» Et de conclure sa profession de foi par un joyeux : «Révolutionnons le système de soins!»
S'agirait-il de couper des têtes ? Les noms des cofinanceurs du projet sont plus que rassurants, puisqu'on y trouve l'ex-secrétaire d'Etat Colin Powell, ainsi que les anciens P-DG de Netscape et de Hewlett-Packard. Ne s'agit-il pas plutôt de se faire une place dans un marché américain de l'Internet santé déjà très encombré, avec des sites comme WebMD (15 millions de visiteurs mensuels), MSN Health, AOLHealth, YahooHealth, etc. Revolution Health adopte ainsi les nouvelles technologies du Web 2.0, qui, dépassant les partages sur les blogs ou les forums, proposent aux internautes de suggérer et de noter les contenus.
Le fondateur d'AOL, qui a quitté la société mère Time Warner en 2005, explique que ce qui l'a poussé dans cette aventure en tant que père de cinq enfants, c'est d'avoir vu son frère Dan atteint d'une tumeur au cerveau dépenser son énergie non pas seulement à lutter contre la maladie, mais aussi à se débattre avec la bureaucratie, les formulaires à remplir, les listes d'attente, le suivi de ses traitements tout en essayant d'en discuter avec d'autres malades.
Revolutionhealth.com veut donc s'efforcer de résoudre tous les problèmes rencontrés par un malade : l'aider à trouver un médecin ou un établissement hospitalier, lui fournir des informations fiables sur les maladies et les traitements (la société a racheté plusieurs producteurs de contenu pour mener à bien son projet) avec la possibilité d'en discuter sur des forums et de noter praticiens et traitements. « Rate your treatment », propose le site, qui invite également à en suggérer un nouveau.
Des millions d'internautes nécessaires.
Outre-Atlantique, à l'annonce du projet, les premières critiques n'ont pas manqué de rappeler les risques liés à trop d'incitation à l'automédication. De fait, quand on fait une recherche par symptômes, par exemple, les « remèdes » sont livrés sans hiérarchisation évidente, les médicaments côtoyant les médecines alternatives et les compléments alimentaires. Mais, comme le rappelle, à chaque page, un «important message», ce service est encore «dans l'enfance» et ce n'est que si des millions d'internautes participent qu'il en sortira un outil utile pour faire son choix entre différentes options médicales. Il est bien sûr stipulé qu'il ne dispense pas d'un avis médical.
Le portail propose également des outils interactifs, tels que des calculateurs de risque cardiaque ou des besoins caloriques journaliers. Car l'objectif de la « Revolution », c'est d'abord de se maintenir en bonne santé.
Les recettes du site seront assurées par la publicité, la vente de produits en ligne, un comparateur d'assurances (40 millions d'Américains ne disposent d'aucune couverture santé) et un abonnement mensuel. Pour 10 dollars par mois, devenir membre de Revolution Health donne droit à un conseiller santé personnel, des informations pour les déplacements à l'étranger et des renseignements administratifs (sur le coût des soins en fonction de son assurance, par exemple). «Nous allons changer fondamentalement le système de soins», annonce avec enthousiasme Steve Case. Les internautes américains vont-ils le suivre dans cette expérience de démocratie sanitaire participative ?
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