S’IL NE FALLAIT donner que deux raisons justifiant un voyage en Syrie, assurément on retiendrait la découverte du patrimoine de ce pays, berceau des civilisations, qui garde les traces bien visibles des dominations successives – hittites, assyriens, égyptiens, babyloniens, perses, macédoniens, romains, byzantins, arabes, croisés et turcs. A cela, il convient d’ajouter l’accueil des Syriens, sincère et authentique.
Si le voyageur demande son chemin, on l’aide volontiers dans un anglais approximatif. Parfois même, la discussion s’achève par une invitation à boire le thé, sucré comme le miel. L’hospitalité, ici, n’est pas un vain mot. Mais jamais l’étranger ne se sent importuné, dévisagé, ou sollicité pour de l’argent. Ce qui magnifie un peu plus les instants de bonheur vécus sur ces terres enchanteresses.
Damas, la capitale. Dans la vieille ville, se fondre dans la foule. Ici se mêlent et s’entremêlent les quartiers chrétien, arménien et juif. Flâner le long des échoppes, alignant des trésors bon marché : épices, tissus damassés, soieries, meubles en marqueterie… Déambuler le long des ruelles médiévales, où les proéminences des maisons sont soutenues par des poutres vermoulues. Jeter un oeil aux messages politiques qu’adresse dans toutes les langues le président, Bachar Al Assad, sur des banderoles tendues au-dessus des têtes. Traverser le souk Hamidiyél, l’un des plus réputés du Moyen-Orient, pour parvenir enfin au clou de la promenade : la mosquée des Omeyyades. L’une des plus vénérées de l’islam.
Construite vers 708, c’est la plus ancienne, avec le Dôme du Rocher de Jérusalem, à être pratiquement dans son état initial. On y vient prier, mais aussi partager le goûter, ou faire la sieste sur un bout de tapis. A la tombée de la nuit, ses trois minarets, tout de vert illuminés, servent de point de repère pour admirer Damas depuis le sommet du mont Kassioun, où les terrasses des restaurants sont littéralement prises d’assaut.
Alep et sa citadelle.
On ne visitera pas Damas sans également découvrir Alep, sa rivale. Deuxième ville de Syrie, avec deux millions d’habitants, Alep est une cité active, plus traditionnelle et moins moderne, peut-être, que Damas. Les mosquées et madrassas se comptent par dizaines. Dans le souk, les odeurs d’épices, de pain et de savon – le fameux savon d’Alep – s’entremêlent. Derrière d’imposants porches se dissimulent les anciens caravansérails, jadis lieux d’intenses échanges commerciaux, aujourd’hui convertis en entrepôts ou marchés de tapis.
A la sortie du souk couvert se dresse la citadelle d’Alep, fière et majestueuse, juchée au sommet d’une colline. Construite au XIIIe siècle, cette forteresse reste très animée les jours saints, quand s’y pressent les familles syriennes en quête de dépaysement. Les rires des enfants accompagnent le visiteur qui découvre la grande mosquée et les bains royaux de la citadelle.
Non loin d’Alep, les belles ruines du monastère de Saint-Siméon se dressent dans la verdure. Les moutons broutent placidement aux alentours. Des écoliers de sortie suivent attentivement les explications du professeur. Siméon, né en 386, passa les trente dernières années de sa vie au sommet d’une colonne de 18 mètres. La basilique, qui commémore le Saint, est un des joyaux de l’art paléochrétien.
En quittant Alep, et avant de rejoindre Palmyre, au coeur du désert, faire escale à Maaloula, petit village chrétien où l’on parle encore l’araméen, la langue de Jésus. Des maisonnettes blancs et bleus, comme par miracle, s’accrochent à la montagne. Aller écouter un office religieux en araméen dans l’un des monastères cachés au fond des ruelles tortueuses.
Puis reprendre la route, tracer vers l’est et s’enfoncer toujours plus dans le désert rocailleux. Monotonie rompue par la vue d’un campement bédouin, d’un château arabe abandonné, ou d’un petit village polychrome.
Les trésors de Palmyre.
Au détour d’un virage, la cité de la reine Zénobie se dévoile enfin : Tadmor, le pays des dattes, devenu Palmyre, la ville des palmiers, recèle d’innombrables trésors. Des archéologues, l’oeil rivé au sol, sont à l’oeuvre. Plus loin, un petit groupe de dromadaires attende nonchalamment le touriste. Derrière les innombrables palmiers de l’oasis, une forêt de colonnes mène aux différents temples antiques. Ancien lieu de halte au beau milieu du désert, où transitaient les caravanes reliant l’Orient à la Méditerranée, Palmyre a connu son heure de gloire aux IIe et IIIe siècles, avant de voir son influence décliner. Aujourd’hui, la splendeur du site est intacte. Le silence, à peine rompu par le murmure du vent contre la pierre, invite à la rêverie. On s’imagine le tumulte de l’endroit, 1 900 ans plus tôt ; quand des hommes dévoraient le gibier du désert et les fruits de l’oasis, agglutinés dans la salle des banquets. Quand des cérémonies étaient organisées en hommage au Dieu Bel, dans son grand temple. Quand le Sénat rendait justice.
On rentrera en France avec l’esprit rempli d’images nostalgiques. Et une envie chevillée au corps : retourner en Syrie au plus vite. Pour à nouveau s’émerveiller de tout, des couleurs, des senteurs, des sourires tendus ici ou là en parcourant Damas et Alep, et se prouver que la première fois, non, on n’avait pas rêvé. On reviendra aussi pour compléter ce premier séjour avec d’autres visites, notamment celle du Krak des chevaliers, l’un des plus beaux châteaux forts du monde.
Consolidé par les croisés en 1099, il pouvait héberger 2 000 chevaliers. Admirer les murs de huit mètres d’épaisseur, les voûtes, les arcs gothiques, les renforts biseautés, les salles gigantesques, les mâchicoulis. Et les hammams, installés par les arabes au XIIIe siècle. On se sent échoué dans un cachot médiéval. Un trésor de plus que recèle la Syrie.
Pour partir
TRANSPORTS
Vols Syrian airlines Paris-Damas et Paris-Alep à partir de 505 euros (Tél. 01.47.42.11.06). Vols Air France Paris-Damas à partir de 650 euros (Tél. 0820.820.820).
FORMALITES
Passeport en cours de validité valable six mois après la date de retour et ne comportant pas de visa, ni de tampon israélien. Visa obligatoire, à demander au consulat au moins quinze jours avant le départ (20, rue Vaneau, 75007 Paris. Tél. 01.40.62.61.00).
HORAIRES
+1 heure, été comme hiver.
SANTE
Pas de vaccination obligatoire, mais il est conseillé d’être à jour pour les vaccins universels. Ne boire que de l’eau en bouteille.
CLIMAT
Les meilleures périodes pour voyager en Syrie sont avril, mai et septembre, octobre. De juin à août, il fait très chaud, et de novembre à mars, le temps est froid et pluvieux. La neige n’est pas rare à Damas en hiver.
MONNAIE
L’unité monétaire est la livre syrienne, divisée en 100 piastres.
1 euro = 68 livres. Emporter des dollars US ou des euros pour les consommations et les achats, car certains magasins n’acceptent pas les cartes de crédit. La livre syrienne n’est pas convertible de retour en France.
SEJOURS
– Le tour-opérateur Les Voyages de Pharaon propose plusieurs formules pour découvrir la Syrie. Le circuit « les trésors de la Syrie » vous entraîne pendant douze jours sur les traces des caravaniers (à partir de 1 650 euros). Damas, Maaloula, le Krak des chevaliers, Lattaquié, Ebla, Alep, le monastère de Saint-Siméon, Palmyre : ce séjour complet retrace l’histoire de l’humanité. L’hôtellerie n’est pas le point fort de la Syrie ; malgré tout, le circuit offre des prestations de qualité dans des établissements entre 2 et 4 étoiles. Deux autres circuits sont proposés : « la Syrie en liberté », douze jours à partir de 1 150 euros ; et « les charmes de la Syrie », dix jours à partir de 1 080 euros. Les Voyages de Pharaon proposent, outre la Syrie, cinq autres destinations vers le Moyen-Orient : l’Egypte, la Libye, le Soudan, la Jordanie et le Yémen.
– Au coeur du vieux Damas, faire escale quelques nuitées à la Mamlouka (www.almamlouka.com), une charmante demeure mamlouke datant du XVIIe siècle. L’hôtel, aménagé autour d’un patio ensoleillé, comprend huit chambres, chacune étant somptueusement décorée dans son propre style. Hammam à deux pas. Informations et réservations : info@almamlouka.com
RENSEIGNEMENTS
– Ambassade de Syrie, 20, rue Vaneau, 75007 Paris. Tél. 01.40.62.61.00.
– Service tourisme de l’ambassade de Syrie, même adresse que l’ambassade. Tél. 01.40.62.61.26 et www.syriatourism.org
– Les Voyages de Pharaon (www.voyages-pharaon.com), 20, rue des Fossés Saint-Bernard, 75005 Paris. Tél. 01.43.29.36.36.
Autre adresse : 33, Grand rue, 13002 Marseille. Tél. 04.91.14.37.37.
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