Sur les chemins buissonniers

Publié le 15/11/2001
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Arts

L'œuvre de Böcklin exerce une constante fascination sur certains peintres que l'espace du fantastique, de la méditation, retient en ses puissants échos. On sait combien Giorgio de Chirico lui doit, et, au-delà, la peinture surréaliste en ses aspects les plus littéraires. Pour faire suite à l'exposition de Böcklin au Musée d'Orsay, à Paris, le musée Bossuet de Meaux propose « l'Ile des Morts », un hommage à Böcklin (jusqu'au 13 janvier), où le savoir-faire du peintre va à la rencontre de la stupeur qu'elle peut exprimer, de la qualité de mystère qu'elle peut distiller. L'évolution de la peinture fonctionne souvent par le biais de la référence, de l'exemple, voire du pastiche.
Picasso s'était montré maître en la matière comme en tant d'autres. Sa vie est jalonnée par les rencontres illuminantes, selon les termes d'André Breton. A la fin de sa vie, il est secoué par une force créatrice qui a été parfois mal perçue et dénigrée. Une exposition d'« Inédits et chefs d'œuvre, 1961-1972 », au musée de Nantes (jusqu'au 14 janvier), fait écho à celle du palais des Papes en 1973. Elle avait révélé au public stupéfié une série ardente, torturée, provocatrice, où l'artiste semblait se moquer de lui-même en se citant, en brodant autour de thèmes qui lui étaient familiers. Il dialoguait avec Delacroix, Velasquez, Manet, se haussant au niveau des plus grands, mais dans un éclat et une verve qui restent le point fort de sa démarche, jusque dans ses hardiesses et ses excès. On a pu y voir une sorte d'ultime sursaut du génie créateur alors que la conscience de la mort l'habite, qu'il sait donner là les ultimes témoignages de sa vitalité indomptée.
Paul Jenkins, Américain, a largement participé à la vie artistique parisienne des années 1950-1960, s'associant aux démarches les plus avancées relevant du dripping, d'une abstraction volontiers lyrique. Il retient, sur de grandes surfaces, des coulées colorées aux effervescences et aux irradiations étranges et renouvelées par le hasard, la maîtrise d'une technique qui relève d'une peinture d'instinct, d'expression directe, et qui, échappant aux rigueurs du chevalet, permet des extensions très larges. Car Jenkins ne se prive pas d'aboutir au décor, comme il l'expérimente pour l'Opéra de Paris en 1987 avec la chorégraphie « Le Prisme du Chaman » (musique d'Henri Dutilleux, mise en scène de Simone Benmussa). Une trentaine d'œuvres inédites fait l'objet d'une exposition proposée par le Centre d'art contemporain Bouvet Ladubay à Saint-Hilaire-Saint Florent ( Saumur), jusqu'au 10 janvier.

Avec

Géo-Fourrier

, on passe d'un art qui s'inscrit dans le sens de l'Histoire, à celui qui s'enracine dans un terroir et en illustre la pérennité. Adoptant la Bretagne, le voilà dévoué à la reconnaissance de la poésie des lieux, des coutumes, de l'esprit qui s'en dégage et le défini. C'est une œuvre qui n'atteint par la gloire alors que par certains de ses aspects elle est populaire. Géo-Fourrier en effet conçoit et bientôt édite de nombreuses cartes postales qui sont le reflet d'une Bretagne profonde et éternelle. Il a sa place dans un musée qui rend avec constance hommage et reconnaissance aux artistes qui ont participé à la vie culturelle de l'endroit, dans un Pont-Aven chargé de légende, où le souvenir tenace de Gauguin n'interdit pas des expressions trouvant leur propre esthétique (Musée de

Pont-Aven

, jusqu'au 2 janvier).


J.-J. L.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7011